Samedi 16 Mars

_Andrea

J’ai enfin pu sortir de ce maudit hôpital, heureusement certains moments étaient agrémentés par les visites de Lexie, parce qu’après huit jours à me faire dorloter par des infirmières gâteuses et des médecins coincés, j’ai failli devenir fou. L’avantage d’être un policier, c’est que vous pouvez dire merde à tout ce petit monde sans qu’on vienne vous emmerder. J’en ai vu d’autres, et je peux très bien me débrouiller tout seul. 

Je dois vivre avec le mensonge ces derniers temps, mais celui-là est le pire de tous. Je revois encore la scène comme si c’était hier, cette voiture noire nous foncer dessus avant de nous percuter avec une telle violence que j’ai fini dans le décor. Ma vie valant très peu, c’était uniquement Orlane qui comptait pour moi, Lexie ne pourrait jamais s’en remettre. Les deux stupidi de la berline bélier sont sortis comme des fleurs, j’entendais les timbres de voix russes parler. J’ai attrapé mon arme dans la boite à gant et leur ai réglé leur compte, me prenant au passage une vilaine balle. 

Je ne sais pas comment, j’ai appelé Matthew et Alex après avoir sorti Orlane de la voiture, puis, me vidant de pas mal de sang, je me suis écroulé pour me réveiller sur ce lit, Lexie tout près de moi. Cet événement m’a fait remonter de douloureux souvenirs, heureusement Orlane était assise à l’opposé du choc.

Je me sens frustré et furieux, je dois présenter des excuses à Lexie, alors que je me suis seulement trouvé au bon endroit au bon moment. Ce n’est pas moi qu’ils cherchaient à atteindre, mais Ryan Bennett, Orlane étant une cible de choix. Seulement si Lexie l’apprenait, j’ai bien peur que l’on découvre d’elle quelque chose que l’on redoute. 

J’ai pu passer voir Orlane lorsqu’elle était seule, Alex et quelques autres étant postés près de sa chambre, notant les allées et venues de tous. Cette petite fille est vraiment courageuse. 

Ma blessure commence à me brûler et à suinter sur le pansement, je sais qu’il est temps de nettoyer et de le changer. La sonnette retentit dans l’appartement, mon chien cavale jusqu’à la porte, mais n'aboie pas, il est prêt à faire la fête à quiconque se trouvera derrière cette dernière. Quelle n’est pas ma surprise en découvrant la chevelure chocolat de Lexie Foster.

- Bonjour Andrea ! 

- Lexie ? Qu’est-ce que tu fais-là ?

- Je peux entrer ?

- Si ! 

Come una rosa, je trouve Lexie plus belle de jour en jours. Est-ce elle ou bien moi qui ne voit que ce que je veux bien voir ? En tout cas, aujourd’hui, elle est rayonnante. Dans sa main, un plat qu’elle va mettre au frigo, je la regarde, étonné.

- Je t’ai fait des lasagnes ! 

- Tu as cuisiné italien pour moi ?

- Si ! 

Ses deux adorables joues rosissent, elle est délicieuse à souhait comme ça. Cette femme va vraiment me faire perdre les pédales. J’oublie la douleur entre mes côtes et m’approche d’elle. Son regard horrifié m’arrête.

- Mais tu saignes… 

Rapide coup d’œil sur le bandage pour voir une tache de sang, c’est vrai, je l’avais complètement oublié celui-là.

- Tu ne devrais pas être allongé ? Tu as refait ton pansement ? 

- J’en ai marre de rester étendu sur un lit come una pianta domestica… 

L’avantage de beaucoup parler avec les mains, je n’ai pas besoin de lui traduire, quand je lui montre de quoi je parle. Une main devant sa bouche elle ricane et je ne vois rien de drôle dans ma situation. Elle s’approche de moi.

- Je peux m’occuper de toi ?

- D’accord… mais j’aurais pu le faire seul !

- Oh, je sais bien ! 

Son petit sourire taquin, elle part chercher de quoi refaire le bandage, heureusement avec les points, la blessure ne ressemble pas à un impact de balle, même si je doute que Lexie en ait vu beaucoup au cours de sa vie. 

Je m’allonge sur le canapé et laisse la petite brune s’occuper de moi, ses doigts longs et fins déroulent la bande élastique autour de mon torse, elle soulève la gaz et détourne le regard. Je le sais, la vue du sang la révulse. C’est à mon tour de rigoler. 

- Oh mon dieu !

- Tu es sûre que tu veux le faire ?

- Oui, c’est bon ! 

Je la vois respirer un grand coup avant de désinfecter et de remettre une compresse propre sur l’impact puis elle finit par enrouler une nouvelle bande autour de moi. Elle s’en est sortie comme une pro. 

- Merci gattina ! 

- Pourquoi tu m’appelles toujours comme ça ? Ça veut dire quoi ?

- C’est un surnom affectif, ça signifie “chaton”. 

Je caresse doucement sa joue qui vire à la couleur tomate. Me prenant par surprise, des larmes s’échappent de ses yeux.

- Pourquoi tu pleures ? 

- J’ai eu si peur…

- Je sais, je suis sincèrement désolé…

Je dois encore m'excuser pour la bêtise de son ex, mais elle me pardonnera plus facilement qu’à ce coglione. Sa main chaude dans la mienne, je déteste la voir si faible. 

- J’ai eu… j’ai eu peur de t’avoir perdu aussi… 

- Ah bon ?

- Oui… Orlane t’aime beaucoup… et moi aussi… 

- Je suis là, tu vois, tout va bien ! 

Déconcerté, puis excité, c’est ce que je ressens lorsque Lexie Foster se penche sur moi pour m’embrasser. 
Sa bouche pulpeuse et délicate s’écrase sur la mienne avec une douceur infinie puis sa langue cherche à trouver la mienne, je lui donne tout ce qu’elle veut, seulement la position dans laquelle je me trouve m’oblige à forcer sur ma blessure, je commence à ressentir la douleur, mais j’ai peur que si je bouge, elle s’arrête définitivement. Malheureusement pour moi, j’ai du mal à cacher mon inconfort. 

- Je suis idiote, tu vas finir par t’arracher un point.

- Ce n’est pas grave.

- Si ça l’est ! 

Et voilà la fin di un bacio que je voulais interminable. Elle se lève, jette les compresses pleines de sang et revient près de la porte de ma chambre.

- Va t’allonger plante verte ! 

- Tu ne peux pas m’obliger à aller me reposer…

- Non, je sais, mais je peux peut-être te donner une bonne raison de venir t’étaler dans ton lit…

Sur ses mots, elle retire ses chaussures et disparaît dans ma piaule. Où est passée la timide Lexie Foster ? À la vitesse de l’éclair, je me lève du canapé et la rejoins. Au pied de mon lit, elle triture ses doigts entre eux, courageuse, mais pas téméraire ! 

- Andrea, je…

Mia rosa… elle est si timide, si réservée. Elle n’a jamais connu d’autres hommes que le père de sa fille et elle se retrouve là, au pied de mon lit, ne sachant pas quoi dire, quoi faire, et je suis un horrible stronzo de la laisser aussi démunie. 

- Dimmi, gattina.

Dos à moi, je resserre la distance entre nous, jusqu’à être si proche d’elle qu’elle puisse sentir mon souffle dans sa nuque.

- Tu dois me trouver stupide...

- Jamais, Lexie. Dis-moi.

- Je ne suis pas prête, puis tu n’es pas en état, mais tu as dit la dernière fois, que tu serais prêt à m’embrasser toute la nuit s’il le fallait....

- C’est ce que tu veux gattina ?

De façon embarrassée, elle hoche la tête. C’est le feu vert pour moi, du bout des lèvres, j'effleure la fine peau de sa nuque, sa tête tombe sur mon épaule. Je la retourne avec lenteur vers moi pour trouver ses lèvres. Je la dévore, miette par miette, mais dès que je suis trop près elle panique. 

- Tu devrais aller sur ton lit, je ne t’ai pas fait venir ici pour que tu restes debout ! 

- Si, signorina ! 

Je m’allonge, non sans grimacer de douleur et j’attends avec impatience qu’elle me rejoigne, je veux encore la croquer. Elle est étendue, droite comme un piquet, les yeux rivés sur le plafond, j’hésite à m’approcher d’elle, mais je le fais quand même. 
Son regard brillant, sa façon sexy de mordre sa petite lèvre inférieure, bon sang, je me fais violence pour ne pas la brusquer. 

De ses deux mains, elle s’empare de mon visage et la fougue m’emporte. Je lui tiens fermement les hanches, mais je reste en retrait, car je sais qu’elle va paniquer en s'apercevant de la trique énorme qui déforme mon pantalon. Je suis à bout de souffle, tout près d’imploser, au bord de la crise de nerf. Je m’arrête brusquement.

- Non posso farlo, gattina…

- Je… J’ai fait quelque chose de mal… 

- No ! C’est moi, tu me rends fou, je vais exploser si on continue, désolé de te dire ça, mais tu me fais trop d’effet… 

Le désavantage de parler avec les mains, c’est que du coup elle voit bien trop de quoi je veux parler à cet instant. Ses deux pommettes rougissent à une vitesse monstre.

- Je suis tellement désolée, j’ai été très égoïste…

Comme si une aiguille lui avait piqué le fessier, elle se lève de mon lit. 

- Dove vai ?

- Je reviens… j’ai juste besoin de me rafraîchir aussi…

Son petit cul s’enfuit de ma chambre et j’en profite pour respirer un moment. Je veux cette femme, plus que tout, et je ferais ce que je peux pour l’avoir, et même si ça dépasse les règles de l’éthique professionnelle.

Après plusieurs longues minutes, elle revient, chacun de nous est de nouveau à une température normal, je compte bien attaquer il secondo round, mais dès qu’elle s’installe à côté de moi, ma sonnette retentit. Qualcuno morirà qui stasera !