Quatre mois plus tard

Samedi 28 Décembre 2019 

Depuis que je suis arrivée en Italie avec Orlane il y a quelques mois, j’ai pu découvrir Ornella, la mère d’Andrea, une femme tout à fait charmante qui me dorlote comme sa propre fille et je ne parle pas d’Orlane qui est considérée comme un angelot ! J’ai fait la connaissance des frères Moretti également, et je dois dire que la beauté est un trait de caractère typique chez eux ! Son petit frère, qui vit encore avec nous, ne semble pas trop apprécier ma présence, mais il ne devrait pas tarder à se trouver un nouvel appart.
Même si sa famille est bilingue, il a fallu que nous nous mettions sérieusement à apprendre l’italien, heureusement notre professeur particulier est plutôt tolérant avec nous ! 

Orlane est partie en vacances chez mes parents cette semaine, pour la première fois depuis des mois, nous nous retrouvons enfin seuls et Andrea a prévu de m'emmener en montagne. Il est en train de charger les affaires dans sa voiture et je sais qu’il est ailleurs depuis quelque temps. 
Pendant le trajet jusqu’à l’aéroport, et même dans l’avion, il n’a pratiquement pas échangé un seul mot avec moi. Une fois arrivés au chalet, il est toujours aussi silencieux. Il est en train de décharger tout notre barda et j’en profite pour m’éclipser dans la salle de bain. Je détache mes cheveux et retire mes vêtements. J’entrebâille la porte pour le voir près du lit, j’ai tellement froid dans ce trou perdu que la chair de poule m’envahit. Avec insouciance, je sors de la petite pièce pour m’approcher de lui. Dos à moi, je tapote avec mon doigt sur son épaule.

- Oh mon dieu, mais qu’est-ce que tu fais ?

- Tu parles ! C’est un miracle ! 

Un sourire espiègle sur mon visage, il rit.

- Je suis désolé… tu as visiblement remarqué que j’étais préoccupé.

- Pas besoin d’être perspicace pour s’en rendre compte… qu’est-ce qu’il y a ?

- Tu vas attraper froid, gattina !

- Est-ce que c’est grave ? Je dois m'inquiéter ?

- Non, pas du tout… 

- Bon dans ce cas, d’abord, on baise, après on parle ! 

Andrea reste coi devant mes propos, me faisant ricaner. Un frisson parcourt mon corps sans prévenir ce qui motive mon amant à s’activer. 

- Tu sais parler à un homme, tesoro !

Je crois que je ne pourrais jamais me lasser de ses mains sur ma peau, sa bouche sur la mienne et partout où elle a envie d’aller, mais surtout, je ne pourrais pas me lasser de ce petit regard qu’il pose sur moi, celui qui me rend toute chose. 

Après une douche brûlante et des vêtements chaud, je retrouve Andrea en train d’allumer la cheminée. Je l’enlace amoureusement, même si je déteste l’hiver, en amour, on fait des concessions, et je suis heureuse d’être ici avec lui. 

- Crache le morceau Moretti !

Nous nous installons en face du feu, ce qui me fait le plus grand bien. 

- J’ai envie de quitter mon boulot. 

- Oh !

- J’adore ce que je fais, mais j’en ai marre de ces horaires à la con et de voir toute cette merde quotidienne…

- Alors si tu n’es plus heureux dans ce que tu fais, arrête… tu as une autre idée pour la suite ?

Mon homme hoche doucement la tête.

- J’aimerais qu’on ouvre un resto tous les deux ! Ça te plairait ? 

- Tous les deux ?

- Si ! Enfin… si tu en as envie, peut-être que les bouquins c’est plus ton truc… 

- Andrea, ça me ferait vraiment plaisir d’être ta partenaire ! 

- Super ! On en reparlera en rentrant de vacances, profitons de cette pause ! 

Pour terminer cette discussion, nous nous embrassons brièvement avant de manger puis d’aller nous coucher. 

Mercredi 1^er Janvier 2020

Nous avons passé notre nouvel an sous les couettes, la montagne ça fatigue, à peine allongés que nous dormions comme des bébés. Ce qui est faux, car d’après mes souvenirs, les bébés ne dorment pas la nuit ! Après des jours à crapahuter dans la montagne enneigée, à faire des batailles ou des bonshommes de neige comme des enfants, Andrea a prévu de m’amener dans un endroit qu’il tient particulièrement à me montrer. 
Perplexe, je le suis à travers les sentiers quand nous arrivons à un lac, ou plutôt un étang complètement gelé, moi qui ai en horreur les basses températures et tout ce qui va avec, je suis plutôt en admiration devant la beauté du lieu. 

- Tu aimes ?

- C’est vraiment magnifique ! 

Le brun pose son sac et en sort deux paires de patins.

- Mais ! Qu’est-ce que… ? Je ne sais pas patiner ! 

- Tu as déjà fait du roller ?

- Oui, enfin il y a longtemps…

- Alors tu sais patiner ! Et puis je t’aiderai ! 

Pas confiante du tout, je saisis les patins de ses doigts et les enfile, Andrea serre bien le nœud avant de m’aider à me lever.

- Allez viens ! 

Quelques pas maladroits, je manque de tomber, mais trouve mon équilibre, je suis facilement Andrea au bout de plusieurs minutes, il réussit même à me faire faire une petite pirouette sur moi-même. 

- J’adore vraiment, tu m’as presque réconcilié avec l’hiver ! 

Une moue satisfaite, il me lâche et j’avance à mon rythme, Andrea se débrouille bien mieux que moi.

- On dirait que tu as fait ça toute ta vie ! 

- J’adorais patiner quand j’étais gosse ! C’est comme si on volait ! 

S’il considère cela comme voler, alors il ressemble plus à un rapace près à fondre sur une proie et moi à un oisillon à peine sorti du nid. Sur de lui, il fait le tour de l’étang, me dépassant plusieurs fois, jusqu’à trébucher et se retrouver les fesses par terre.

- Mon dieu, Andrea ça va ?

En vitesse, j’arrive vers lui et manque de le rejoindre au sol, mais heureusement, je retrouve mon équilibre avant. 

- Cazzo ! Oui ça va ne t’inquiète pas !

Malgré moi, je me moque de lui. Il se tourne pour se relever, mais ne le fait pas tout de suite, je l’entends marmonner.

- Bon, maintenant que je suis là… autant me lancer. 

Dans la poche de sa veste, il sort une petite boîte qui stoppe mon fou rire.

- Que… mais qu’est-ce que tu fais ?

Il ouvre l'écrin en ne me lâchant pas du regard.

- Lexie, amore mio, vuoi sposarmi ? 

Pleins de choses me passent en tête en une minute, je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse ça, ça ne fait même pas un an que c’est sérieux entre nous. Andrea se racle la gorge ce qui me rappelle que je n’ai toujours rien répondu. 

- Ce n’est pas un peu trop tôt ?

- Oh… 

Sa mine triste me coupe le souffle, je me reprends en vitesse.

- Non, je veux dire, tu es sûr de toi ?

- Évidemment, tesoro, plus sûr que jamais ! 

- Bon dans ce cas… c’est oui alors !

J’affiche un large sourire avant de le rejoindre, à genoux sur la glace pour l’embrasser.

- Tu fais de moi le plus heureux, amore mio ! J’ai bien cru que tu allais refuser… 

Six mois plus tard

Samedi 6 Juin 2020

En toute simplicité et sans chichi, nous avons décidé de nous unir rapidement… évidemment non sans lever une nuée de reproches, autant de son côté que du mien. Heureusement, tout le monde a fini par se faire à l’idée que nous ne reviendrions pas sur notre décision et que nous allions nous marier, avec ou sans eux ! Une petite pointe de chagrin se forme dans ma poitrine, j’aurais voulu que mon père me conduise à Andrea, mais il est en mission au Pakistan. Juliet entre dans la pièce, non sans me faire sursauter. 

- Bordel, c'que t’es magnifique ! 

- Merci ! 

- Je suis tellement heureuse pour toi et très fière de moi ! Si je ne t’avais pas poussé dans les bras de G.I.Joe je ne sais pas où tu serais aujourd’hui…

Je prends mon amie dans mes bras.

- Merci infiniment, tu es la meilleure amie du monde !

- Je sais, mon chou, je sais ! 

La porte s’ouvre à nouveau et la chevelure d’ébène propre aux Moretti me fait lever un sourcil. Vincenzo entre et Juliet me relâche.

- Bon, je vais te laisser.

Elle marche jusqu’à la porte, Vincenzo ne lui accorde aucun regard, mais Juliet s’arrête derrière lui, regarde son postérieur et me lance un clin d’œil accompagné d’un pouce en l’air. Je pouffe de rire, Vincenzo se retourne, mais Juliet est déjà sortie. Je me demande ce qu’il veut, il y a toujours une barrière entre nous. 

- Je peux t’aider ?

Avec ses grandes jambes, en quelques pas, il est devant moi, je m’affole légèrement.

- Je voulais m’excuser de mon comportement… 

- Oh !

- Tu sais, je crois que je suis un peu jaloux de mon frère, il a tellement de chance d’avoir trouvé une idiote qui le supporte !

- Hey !

Un rire franc sort de sa bouche, je ris avec lui.

- En vérité, je t’aime bien quand même, petite sœur ! 

- On a qu’un mois d’écart tous les deux !

- Donc, tu es plus petite ! Et ça me ferait plaisir de t’amener jusqu’à cet imbécile heureux !

C’est la plus belle chose qu’il pouvait me dire, malgré moi, je commence à pleurer avant de le prendre dans mes bras.

- Je t’en prie ne pleure pas, je ne suis pas doué avec vos sentiments féminins !

Ce qui est vrai, je passe des pleurs aux rires, Vincenzo essuie mes larmes avant de me tendre son bras que j’attrape avec bienveillance.
Il s’arrête avant la porte et me lance un coup d’œil, son air espiègle.

- Maintenant qu’on est amis, tu voudras bien me présenter à ta copine Giulietta ?

Non, mais quel idiot, je lui tape le torse tout en ricanant.

- Sois un gentleman et on verra ! 

Alors, à son bras, il me fait doucement avancer vers Andrea, qui est magnifique dans son costume, je m’apprête enfin à lui dire oui pour la vie !