• Chapitre 36


    Dimanche 14 Avril

    À la respiration d’Andrea, il est facile de deviner qu’il ne dort toujours pas. Lui d’un côté du lit, moi de l’autre, à ruminer, mais aucun de nous n’engage de conversation, aucun de nous ne s’approche de l’autre. L’ambiance est pesante jusqu’à ce qu’il s’empare de mon corps menu et épuisé, me faisant soupirer de bien-être. 

    - Je n’arrive pas à trouver le sommeil pourtant, je suis fatigué 

    - C’est de ma faute… 

    - Oui…

    Une dague, fine et bien aiguisée se plante dans ce qu’il reste de mon coeur meurtri.

    - C’est parce que tu n’étais pas dans le lit, j’aime t’avoir près de moi. 

    Malgré tout, je souris, il essaie d’être gentil avec moi, mais je sais, que je l’ai blessé. 

    - Ce matin, tu voulais parler, de quoi ?

    - Tu veux discuter maintenant ? 

    - Tu ne dors pas, moi non plus. 

    J’allume la petite lumière avant de m’asseoir en tailleur. 

    Chapitre 36

    - Alors dis-moi. De quoi tu voulais parler ?

    - Comment tu as su ? Pour moi ?

    - L’homme à la capuche, il me l’a dit après avoir assommé Ryan. 

    La mâchoire du brun se contracte à l’évocation de mon ex-compagnon. 

    - Je suis surpris par le calme dont tu fais preuve, tu aurais pu m’en vouloir d’avoir menti…

    - La vie est trop courte pour ça… et puis tu n’es pas un tueur à gage, je m’estime heureuse.

    Un rire résonne dans la pièce et j’aime beaucoup ça. 

    - Tu vas arrêter Ryan ?

    - Je ne suis pas censé le dire, mais pas seulement lui, on veut coffrer tous les gros poissons qui gravitent autour de lui. 

    - Je ne dirais rien, promis… par contre, qui est-ce que je paye alors puisque tu n’es pas nounou ?

    - Personne, l’argent que tu donnes te sera rendu à la fin de ma mission. 

    - Oh ! Je pourrais me payer un sacré voyage avec ça ! 

    - Tu pourras !

    Chapitre 36

    - Est-ce que je t’ai dit que Ryan avait laissé un sac dans le garage ? 

    - Oui, tu l’as fait, j’ai été jeté un œil et je te conseillerais de ne pas y toucher ! Je te conseillerai de ne plus t’approcher de trop près de Bennett non plus, et je ne dis pas ça pour ce qui est arrivé tout à l’heure, mais parce que je n’ai pas envie que tu sois impliquée dans ses histoires tordues. C’est bien clair ?

    - Très. 

    Intimidée par sa voix presque autoritaire, je me fais toute petite et détourne les yeux. C’est peut-être ma paranoïa qui parle, mais cette sensation de distance entre nous me pèse. 

    - Dormons maintenant, je suis vraiment fatigué. 

    Pas de petit surnom affectif, par de caresses, pas d’œillades amoureuses, pas de tendresse, je paye pour mes erreurs. L’ayant méritée, je ne peux que prendre mon mal en patience. Nous reprenons notre position d’il y a quelques instants, je m’accroche à ses bras et bercée par la chaleur de son corps, je m’endors. 

     

    Jeudi 18 Avril

    Cela fait maintenant une journée que ma fille revit sans son plâtre, il faut encore qu’elle fasse attention, qu’elle se remuscle, mais heureusement elle a bien guéri. Elle est toute contente de montrer à Andrea son bras “tout neuf” ! 
    Juliet a dit qu’il avait besoin de temps pour digérer, mais elle n’a pas dit de combien… et je désespère qu’il me pardonne un jour quand je vois son attitude à mon égard. Ce soir encore ne déroge pas à la règle. Andrea prend une douche pendant que je couche Orlane, puis c’est à mon tour et quand j’en sors, il est sur le canapé devant la télé, je le rejoins, mais il n’y a plus ce petit truc entre nous. 
    Dans mon ensemble satiné, j’espère jouer les aguicheuses et m’installe à sa droite. Mes jambes douces et lisses se glissent sur les siennes, mes doigts se faufilent sur son torse. La bosse qui se profile sous son pantalon me laisse deviner qu’il est réceptif à mon contact jusqu’à ce qu’il retire ma main.

    Arrête-toi s’il te plaît. 

    Pas démontée pour un sous, je m’installe à califourchon sur lui. 

    - Je suis toute à toi ! Et je constate que je ne te laisse pas indifférent ! 

    M’approchant de ses lèvres pour le dévorer d’un baiser, il me fait reculer.

    Chapitre 36

    - Tu es toute à moi ? 

    - Oui ! 

    - Pourtant, il a quelques jours, ta bouche n'était plus à moi. Mon corps te désire peut-être, mais ce n’est pas le cas de ma tête. Et crois-moi si je te prends comme ça, tu risques de ne pas aimer. 

    Choquée de découvrir cette image d’Andrea, je ne réponds rien et me relève. 

    - Pardon.

    Je me sauve dans la chambre, je mérite ses mots, même s’ils sont blessants. Je ne pleure pas, parce qu’il est clair que je suis en tort, donc j’accepte. Me saisissant du livre dans ma table de chevet, je m’installe. Andrea rejoint la chambre bien plus tard et s'endort de son côté. 

     

    Vendredi 19 Avril

    Le sac d’Orlane est bouclé, je descends ses affaires. Andrea est dans notre jardin avec son chien, il est clair qu’il n’a pas envie de me parler, ni de s’occuper de Ryan. 

    - Orlane, dépêche-toi, ton père vient d’arriver, va dire au revoir à Andrea. 

    - Oui, maman ! Arrête de crier !

    - Ne me réponds pas ! Dépêche-toi. 

    Son barda entre les mains, je sors et surprends mon ex qui descend de sa voiture.

    - Salut jolie Lexie ! 

    - Oh la ferme. Tu n’entres plus chez moi, à partir de maintenant tu attends Orlane dehors, le dimanche, tu la déposes et tu t’en vas.

    - C’est que tu ferais presque peur quand tu t’énerves ! Ton italien n’est pas là ?

    - Olivia serait vraiment surprise de ton double-jeu, j’imagine ?

    - Je te trompais avec elle, tu penses vraiment qu’elle va te croire si tu t’amuses à lui dire ça ?

    Son rire mauvais résonne et m’échauffe les pommettes de colère. 

    Chapitre 36

    - Tu es vraiment le mal en personne, Ryan, je me demande ce qu’est devenu l’homme attentionné que tu étais avant.

    - On n’avance pas dans la vie en étant gentil et attentionné beauté. Salut ma petite grenouille !

    Son changement d’attitude à la vue de notre fille me fait un drôle d’effet. C’est comme s’il était deux personnes différentes. 

    - À dimanche maman ! Je t’aime !

    - Je t’aime aussi ma puce ! À dimanche !

    Un baiser envoyé avec ma main qu’elle rattrape, puis je rentre à la maison, je découvre mon nouveau colocataire derrière la fenêtre de la salle à manger.

    - Tu vas me surveiller maintenant ?

    L’animosité dans ma voix lui fait lever un sourcil, sur les nerfs, je monte prendre un bain, je crois que j’ai besoin de me détendre. Tandis que l’eau coule, je prends mon téléphone et appelle Juliet.

    Salut la moche !

    - Salut ! 

    - Oulà, toi ça va pas ! 

    - Non, Andrea me manque…

    - Il est parti ? 

    Chapitre 36

    - Non, il est toujours là, mais franchement, c’est tout comme… 

    - Aie, en même temps, c’est un Italien, ils sont très fiers ! Il a sans doute encore besoin d’un peu de temps, tu peux bien le lui accorder, je te rappelle que c’est toi qui as merdé.

    - Je sais Juliet et je le regrette vraiment, Ryan est vraiment aliéné… je me demande comment j’ai pu rester avec lui aussi longtemps.

    Je mets le haut-parleur au moment où je pose mon téléphone pour me déshabiller, m’obligeant à parler beaucoup plus fort.

    - Heureuse de te l’entendre dire ! Du coup, tu lui as toujours pas dit à ton G.I.Joe que t’étais folle amoureuse de lui ? 

    - Non, c’est pas vraiment le moment, j’ai pas envie qu’il me prenne en pitié, mais il me manque, cette situation me met à cran !

    - Ça ma poule, c’est parce que t’as pas baisé depuis une semaine ! 

    - C’est bien possible, même si c’est plus un tout ! Je me suis fait couler un bain, je compte sur lui pour me détendre ! 

    - Dans toute l’histoire, les seules fois où un bain à détendu une femme, c’est parce qu’elle utilisait un vibro, le pommeau de douche ou ses doigts, tu vas choisir quelle technique ? 

    - Mon dieu, Juliet, je ne suis pas aussi désespérée ! 

    J’entre doucement dans l’eau chaude, les suggestions de ma meilleure amie flottent quand même au-dessus de ma tête.

    Chapitre 36

    - Oh, ça va, fait pas ta prude, je te rappelle que je t’ai entendu t’envoyer en l’air avec ton italien, et t’avais plutôt l’air de prendre ton pied ! Fais-moi confiance, rien ne vaut une bonne petite séance de relaxation maison, on est jamais mieux servi que par soi-même ! 

    - Si tu le permets, je vais lui montrer une méthode italienne !

    La voix grave d’Andrea me fait sursauter, Juliet ne dit plus un mot à l’autre bout du fil et l’italien se déshabille avant de plonger une jambe dans l’eau.

    - Cazzo, c’est brûlant, pourquoi vous prenez toujours des bains aussi bouillants ?

    - Euh… Juliet, t’es toujours là !?

    - C’est G.I.Joe qui vient d’entrer dans ton bain ?

    - Oui !

    - Tu me raconteras si la méthode italienne est fiable ! 

    Juliet ricane avant de raccrocher, je rougis devant l’embarras qu’elle m’a causé avec ses propos. Mon amant italien s’assoit en face de moi et fait monter le niveau de l’eau qui se déverse dans le trop-plein. Je peux deviner qu’il n’est pas à son aise avec la température de l’eau. 

    - Tu veux que je mette un peu d’eau froide ? 

    - Un po’, per favore ! J’avais oublié que vous pensiez être des homards ! 

    Je pouffe, même si je sais qu’en disant “vous”, il parle de sa femme, enfin son ex-femme, et ça ne me blesse pas, au contraire, j’aime quand il parle avec moi. 

    L’eau froide coule et tiédit doucement notre bain, ce qui décrispe un peu Andrea qui veille à ce que la température ne soit pas trop froide pour moi. Je respire à nouveau de le retrouver. 


     

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  • Commentaires

    1
    ReiScarlett
    Dimanche 6 Décembre 2020 à 21:04
    Mdr moi aussi j'aime prendre des bains super chaud mdrrr les douches aussi hahaha ça m'a bien fait rire puis j'aime bien quand Andréa ramène sa fraise dans la conversation entre les filles haha je rigole toute seule
      • Lundi 7 Décembre 2020 à 14:30

        Pareil ! Je suis comme un homard dans mon bain ou ma douche he Je me suis largement inspirée de moi-même mais je sais qu'on est beaucoup de femmes à aimé l'eau bouillante ! haha ! 

        Andrea toujours les mots qu'il faut ! he

    2
    golden_simmer
    Lundi 14 Décembre 2020 à 12:07
    La tension qu’il devait y avoir mon Dieu. Ça devait être trop pesant
      • Mardi 15 Décembre 2020 à 14:31

        Oh ben ça... quand ton mec te surprend en train d'embrasser ton ex... ça jette un sacré froid aww

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