Quatre mois plus tard

Dimanche 5 Décembre 2021 

L’hiver s’est installé sur la ville, je regrette nos vacances au soleil, j’ai passé tellement de bons moments. Le souvenir de notre nuit à la cascade me revient en mémoire, je ne peux m’empêcher de sourire bêtement. Je m’étais mis en tête que je n’aurais plus d’enfants et dès qu’Andrea m’a fait part de son envie, alors c’était comme une évidence, même si ce serait compliqué, cette nouvelle aventure serait la nôtre. 

Pendant qu’Orlane s’amuse avec ses petits camarades et qu’Andrea est au restaurant avec Juliet, qui est venue vivre chez Vincenzo, je prépare le repas. Je suis perdue dans mes pensées quand mon téléphone bip, je sais qu’il est alors 19h. 
J’arrête tout, je me lave les mains et monte dans la salle de bain. Moi qui suis tombée enceinte deux fois par accident, je ne m’étais jamais dit qu’un jour, je devrai avoir recours à une stimulation ovarienne pour ponctionner mes ovocytes. Pour couronner le tout, je déteste les aiguilles, d’habitude Andrea est avec moi, mais je crois que ce soir, je vais…

- Tesoro, attend, je vais le faire ! 

- Tu es là ?

- Tu croyais que j’allais te laisser faire cela seule ? 

Je rougis quand il s’empare de la seringue, je peux alors penser à autre chose pendant que sa pointe pénètre ma peau. L’action dure moins d’une minute et Andrea embrasse doucement mon ventre. Je me sens tellement chanceuse de l’avoir dans ma vie. 

Un an plus tard

Vendredi 16 Décembre 2022

Comme souvent, nous avons été invités chez Juliet et Vincenzo pour dîner. Chacun se prépare, j’enfile ma tenue en regardant mon profil dans le miroir, un profil qui reste désespérément plat. 
Les saisons se sont relayées avec succès pendant que moi, je ne réussissais pas à garder les enfants que je portais. Je refuse de me laisser abattre ce soir, je ne dois pas penser à mes deux petits anges, je dois garder la tête haute. 

Il y a, entre Andrea et moi, cette distance qui s’est créée. Je l’aime, bien sûr, mais il nous manque l’étincelle d’avant. J’affiche un sourire poli sur mon visage, ce que je sais faire de mieux. Avant de passer à table, j’aide Juliet en cuisine, avec Martina la compagne de Giovanni.

- Tu vas bien, ma bichette ?

- Oui, ça va ! 

- Et avec Andrea ?

- Tout va bien ! Pourquoi tu me demandes ça ? 

- Parce que je veux savoir si tout roule ou si je dois lui péter les rotules ! 

Automatiquement, j’éclate de rire, et j’en avais bien besoin. 

- Tout va parfaitement bien, ne t’en fait pas.

- Ravie de l’entendre, ça m’aurait fait chier d’amocher mon patron ! 

Nous rions en revenant dans leur salle à manger et mon mari me regarde avec un sourire, il ne m’a pas vu comme ça depuis des semaines. 
Le repas de famille se passe comme toujours dans la bonne humeur, c’est au moment du dessert que les choses se sont compliquées pour moi. 

- Bon, il faut qu’on vous annonce quelque chose avec Juliet !

Ma première pensée a été qu’ils allaient se marier, j’étais tellement heureuse pour eux. 

- On attend un bébé ! 

Le sol sous mes pieds s’effondre, le ciel me tombe sur la tête et mon cœur est prêt à bondir hors de ma poitrine, je ne peux pas gâcher cette annonce, je dois prendre sur moi, alors je souris. 

- Tu es enceinte ma petite ?

- D’un peux plus de 15 semaines !!

- Je vais être encore grand-mère ! 

Ornella s’empare de Juliet et Vincenzo, des larmes de joie roulent sur ses joues.

15 semaines… quand j’ai perdu mon deuxième petit ange… je me répète de ne pas flancher, pas devant tout le monde. 

- Félicitations ma belle ! Je suis tellement contente pour vous ! 

Giovanni et Andrea secouent leur petit frère affectueusement. 

- Et bien petit frère, voilà qui nous rend fier de toi ! Tu n’as plus qu’à épouser la belle !

- Oh ben ça c’est pas gagné, Monsieur ne veut pas ! 

Tout le monde rit, je suis le mouvement, mais par automatisme, en fait, j’ai l’impression d’avoir passé le reste de ma soirée en pilote auto, parce que quand je refais surface, je suis dans la salle de bain en train de me préparer pour aller me coucher. 
Andrea est allé, comme tous les soirs, promener Ryuk et lorsque je passe devant le miroir, je m’effondre. Je suis heureuse pour mon amie, mais je suis jalouse. Pourquoi pas moi ? Pourquoi elle porte un enfant alors que moi, je n’y arrive plus ? 

- Amore mio, je t’en supplie, ne pleure pas… 

Ce sont des bras autour de moi qui me font comprendre qu’il est rentré de sa balade, je me maudis qu’il puisse me voir dans cet état. Je suis en colère… contre le monde entier, je le repousse violemment.

- Tout ça, c’est de ta faute. Tu voulais me voir ronde et épanouie ? Bravo, je te félicite, regarde comme j’ai l’air épanoui ! Ça te plaît ? 

- Doucement, tesoro, calme-toi ! 

- JE TE DÉTESTE. 

Excédée, je sors de la chambre et vais me réfugier dans le salon. Mon cœur est désespérément vide et meurtri. Je me roule en boule sur le canapé pour continuer à pleurer.

_________________________

_Andrea 

Quand je rentre de ma balade, c’est hésitant que je monte dans la chambre, et comme je m’y étais préparé, je retrouve Lexie en pleurs. Avec douceur, je l’enveloppe dans mes bras, mais elle me repousse avec une telle violence, la puissance de ses mots me terrassent.

- JE TE DÉTESTE ! 

Sa tirade virulente me cloue sur place, elle sort de la chambre pendant que je reste debout comme un idiot, je m’apprête à la rejoindre, mais je m’arrête, elle a peut-être besoin de temps toute seule ou elle a besoin que je sois à ses côtés ? Je n’en sais strictement rien, la seule chose dont je suis certain, c’est qu’elle a juste de la peine, ses mots ne sont que le reflet de ce qu’elle ressent… elle est blessée. 
Ce soir-là, je vais tourner en rond pendant des heures avant de descendre. Lexie est sur le canapé, ses yeux gonflés, elle a fini par s’endormir, je m’empare alors de son petit corps exténué et la remonte dans la chambre. Il est hors de question qu’on passe une nuit, loin l’un de l’autre. 

Samedi 17 Décembre 2022

Je suis parti de la maison plus tôt que d’habitude, j’avais vraiment besoin de faire de l’exercice après ma nuit exécrable, c’est essoufflé et en sueur que j’arrive à la maison. Lexie est en train d’arroser ses plantes et ne me prête aucune attention, les enfants sont dans le salon en train de se chamailler.

- Oh, buongiorno, signore Moretti !

- Buongiorno, Antonio ! Come stai oggi principessa ?

- Va bene, papà ! 

J’effleure sa petite joue qui rougit, il va falloir que je garde un œil sur cet Antonio. Je monte prendre une douche, j’en ai grand besoin. Je fais couler l’eau pour ni me geler le palle, ni me brûler il culo. À parfaite température, je frotte ma figure sous l’eau, putain que ça fait du bien. En ouvrant les yeux pour trouver du shampoing, j’ai l’agréable surprise de trouver ma femme, dans sa plus belle tenue, prête à me rejoindre sous la douche. 

- Je peux me joindre à toi ?

- Si !

Elle s’avance progressivement vers moi et se place à son tour sous le jet d’eau. Il y a de très longues semaines que je n’ai pas touché Lexie, elle n’est plus d’humeur à ça, comme si être un réceptacle pour notre enfant était sa seule préoccupation, et tout ceci la mène droit au fond du gouffre, je m’en veux tellement, si je n’avais pas été égoïste, elle serait plus rayonnante que jamais, à ce jour, je n’ai qu’une pâle copie de la femme que j’aime. Aujourd’hui, je n’ose même pas poser mes mains sur elle, alors qu’elle prend sa douche avec moi, ce qui n’est pas arrivé depuis si longtemps que je ne m’en souviens plus. 

- Tu peux frotter mon dos, per favore ?

Timidement, je mets du savon dans mes paumes et les passe délicatement sur son dos, quand elle soupire d’aise, mon corps réagit de lui-même, quel connard. 

- Est-ce que tu m’aimes toujours, Andrea ?

Je manque de mourir face à sa question, je n’ai pas le temps de lui répondre qu’elle surenchérit.

- Est-ce que tu me trouves toujours désirable ?

- Amore mio, tourne-toi !

Lexie pose sur moi son regard plein de larmes, alors je m’empare de sa bouche, ma langue se lie à la sienne dans un baiser impatient. D’une main, j'agrippe sa fesse pour la coller contre moi, sa main dans mes cheveux m’empêche de reculer, c’est elle qui met fin à cette étreinte.

- Je te demande pardon, c’est pas vrai que je te déteste, je t’aime tellement si tu savais…

- Tesoro, lo so già, ti amerò per sempre. 

- Et si je n’arrive pas à te donner un enfant ?

- Mon dieu, Lexie, je t’aimerai quoi qu’il arrive, si ça ne fonctionne pas la prochaine fois alors tant pis, je ne veux plus te voir comme ça, ce n’est pas ce que je voulais… On a Orlane et c’est déjà bien !

- Mais ce n’est pas ta fille…

- Orlane est ma fille, même si mon ADN ne coule pas dans ses veines… 

Elle me prend dans ses bras et me presse contre elle.

- Je me suis perdue en chemin, amore mio, je me suis laissée envahir par la tristesse, je t’ai tenu à l'écart, j’ai l’impression d’être seule…

- Tu n’es pas seule, tesoro, si je laisse le chagrin m'inonder, alors qui nous relèvera ? Je suis aussi dévasté que toi, mais je ne peux pas me permettre de céder… 

Brusquement, elle m’embrasse avec une passion dévorante.

- J’ai besoin de toi, besoin de nous retrouver… ça fait si longtemps…

Nos caresses sont maladroites, tant l’impatience de retrouver notre fougue se fait sentir. Ma bouche quitte celle de ma femme pour trouver sa peau mouillée, les petites pointes de ses seins tendues vers moi. Un gémissement retentit quand j’en mordille une, me faisant durcir plus encore. 
Je continue la conquête de ce territoire qu’elle a gardé secret depuis bien trop longtemps, en commençant avec ma langue, elle passe sa jambe sur mon épaule, me laissant plus d'accès. Lexie s’abandonne totalement avant de me tirer par les cheveux pour ramener ma bouche à la sienne.

- Je t’en prie, ne me ménage pas amore mio ! 

Ma femme feule à mon oreille telle une chatte inassouvissable, et il m’arrive d’être un mari obéissant, surtout quand elle a ce regard, celui de la femme que j’aime, alors je la retourne contre la paroi de verre, lui arrachant une plainte. Son corps cambré est un appel au péché, je titille la peau sensible de sa nuque pour la distraire et nous réunit d’un coup de rein.