-
Chapitre 39
Jeudi 25 Avril
Impossible pour moi de trouver le sommeil, alors j'erre dans la maison. Le silence de la bâtisse me terrasse un peu plus, je regrette mes mots envers Andrea, je sais qu’il n’y est pour rien, mais il était là, c’est à lui que j’ai fait les reproches, alors que j’aurais dû les faire à Ryan.
Je devrais prendre ma voiture, aller chez lui, je n’ai pas envie de causer d’ennuis à Andrea, mais il s’agit de ma fille, rien d’autre n’a d’importance. Je me dirige vers l’entrée, prête à mettre mes baskets quand mon téléphone sonne, il est pourtant plus de 2h du matin. C’est un numéro inconnu. Tremblante, je réponds.- Allo ?
- Madame Bennett, je savais que vous ne dormiez pas.
- Qui êtes-vous ?
- Ceci n’a pas vraiment d’importance, la question, c’est surtout, j’ai quelque chose qui vous appartient, est-ce que vous voulez le récupérer ?
- Orlane ? Où est-elle ? Ne lui faîtes pas de mal s’il vous plaît…
- Arrêtez vos jérémiades, c’est épuisant. Vous viendrez à l’adresse que je vais vous envoyer, vous avez 35 minutes.
- Et c’est tout ?
- Vous viendrez seule, j’ose espérer que cette conversation restera notre petit secret !
- Qu’est-ce que vous…
L’interlocuteur me raccroche au nez. Mon téléphone bip de nouveau, signalant un message texte, l’adresse s’affiche et le GPS de mon téléphone m’indique qu’il me faut un peu plus que 35 minutes pour arriver à destination, alors ni une, ni deux, j’enfile mes chaussures et pars.
À cette heure-ci, il n’y a personne sur les routes, je peux rouler aussi vite qu’il le faut pour arriver à temps au lieu indiqué par l’inconnu. Je sors de ma voiture et attends quelques minutes quand des phares éclairent l’endroit. L’adrénaline qui me tenait compagnie jusque-là se tarit, je frissonne de peur.- Madame Bennett !
- Où est Orlane ?
- À la maison, elle attend sa maman avec impatience !
- Mais vous avez dit…
- Je n’ai rien dit, seulement de vous pointer ici, ce que vous avez docilement fait.
Une brûlure au niveau de mon cou se fait sentir, quand je comprends qu’un second homme vient de me piquer avec une aiguille, il est trop tard. Je m’endors instantanément.
J’émerge lentement de ma léthargie, le soleil baigne la pièce entière d’une lumière éclatante, la pièce est vraiment belle, mais je n’oublie pas ce que je fais ici. Rapidement, sur mes deux pieds, j’avance vers la porte quand celle-ci s’ouvre. L’homme qui vient d’arriver ne semble pas malveillant, on dirait plutôt un domestique.
- Vous êtes enfin réveillée !
- Où est ma fille ? Qui êtes-vous ?
- Mademoiselle Bennett prend le déjeuner avec votre hôte.
- Mais c’est quoi ce bordel, je veux voir ma fille.
- Si madame veut bien se donner la peine de se changer avant de descendre.
- Pardon ?
- Le maître des lieux souhaiterait que vous revêtiez un des effets présent dans le dressing.
- J’en ai rien à foutre de ce que veut ce fou, il est hors de question que je porte autre chose que mes affaires.
- Il a dit aussi, que dans le cas où vous feriez la difficile, il était bon de vous rappeler que vous étiez sous son toit et que Mademoiselle Bennett et vous-même pourrez être traitées de manière différente.
Je respire un grand coup, je vois que je n’ai pas le choix.
- Très bien.
Le majordome quitte la pièce et je m’approche du dressing, en ouvrant la porte, je découvre qu'il est entièrement rempli, dans d’autre circonstances, j’aurais pu en être impressionnée, y prendre plaisir, mais ce n’est pas le cas. Je parcours vite fait toute les choses présentes et force est de constater qu’il n’y a que des robes, je cède à ses caprices.
_________________________
_Andrea
Après avoir été mis à la porte par Lexie, j’ai roulé jusque chez Ryan, en planque devant sa baraque. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, Bennett vient de prendre sa voiture et je le suis, jusqu’à sa banque, son comportement est tout ce qu’il y a de plus banal. J’appelle Lexie, je sais qu’elle est triste et en colère, mais je ne veux pas qu’elle se sente abandonnée, mais tous mes appels restent sans réponse.
Préoccupé, je lâche Bennett et me rends chez elle. Sa voiture n’est pas dans l’allée, sa porte n’est pas fermée à clef.- Lexie ?
Mais aucune réponse, la maison est déserte, j’appelle Matthew.
- Moretti ?
- Localise-moi le téléphone de Lexie.
- Je suis sur autre chose, là, ça peut pas att…
- Maintenant !
- Ok, reste calme, je t’envoie tout ça par message quand je l’ai.
- Merci.
Je raccroche, sur les dents, je ressors de la maison, je lui avais dit de ne pas faire d'imprudence, mais comme d’habitude, elle n’écoute jamais rien. Je finis par recevoir des coordonnées GPS, je fonce vers le lieu indiqué.
A mon arrivée, il m’est facile de repérer la Clio blanche de Lexie garée, elle est ouverte, la carte est dans son emplacement et son portable jonche le sol côté conducteur. Dans ce dernier, un appel inconnu vers 2h du matin. Juste à côté de sa roue, une seringue. Bon sang qu’est-ce qu’elle a fait ?
Mon anxiété est à son maximum, de même que ma colère. Je remonte dans mon Alpha et fonce directement retrouver cet idiot de Bennett, terminer de rester dans les clous, maintenant, ce sont mes propres règles.
J’ouvre la porte avec violence, la petite secrétaire blonde sursaute sur sa chaise.- Je peux vous aider ?
Mais je ne lui réponds pas, et me dirige directement dans son cabinet.
- Vous ne pouvez pas entrer ici ! Arrêtez !
Le blond est à son bureau, mon entrée fracassante lui fait lever le nez de ses affaires et lorsqu’il croise mon regard, le sien devient ténébreux.
- Olivia, c’est bon, retourne à ton poste, je m’en occupe.
Sa maîtresse s'exécute et nous laisse seuls.
- Monsieur Moretti, que me vaut le plaisir de votre visite ?
Je m'efforce de rester courtois et m’appuie sur son bureau.
- Assez joué, monsieur Bennett, Orlane a disparu hier, et maintenant, c’est au tour de Lexie.
L’espace d’un instant, son visage se tord dans une moue inquiète avant de reprendre son air définitivement neutre.
- Nous savons pertinemment que tout ça est de votre faute.
- Vous ne savez rien…
- Vous avez déjà failli nous coûter la vie avec Orlane il y a un mois de ça… sans compter la venue de la Faucheuse… arrêtez de me mener en bateau.
Fou de rage, je pousse son bureau puis saisis le col de sa chemise.
- Lequel de vos associés est mécontent en ce moment au point de vous voler la chose la plus précieuse du monde monsieur Bennett ?
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Si vous tenez un tant soit peu à votre famille, donnez-moi des noms.
- Je tiens à elles plus que vous ne pouvez l’imaginer, Moretti, lâchez-moi.
Ma prise se desserre et il retombe sur ses pieds.
- Sortez de mon bureau, vous perdez la tête.
- Je n’en ai pas fini avec vous Bennett.
J’accède à sa demande, parce que je sais pertinemment qu’il va enfin se bouger et m’amener tout droit où elles sont.
_________________________
_Ryan
Je remets ma cravate en place et garde un semblant de calme, mais les émotions en moi se bousculent. C’était couru d’avance, toute cette merde allait forcément me retomber sur le dos un jour ou l’autre, malgré toutes mes tentatives pour leur éviter d’être des cibles de choix, Lexie et Orlane, se retrouvent en mauvaise posture, une nouvelle fois, à cause de mes décisions.
Le seul fou, qui me menace depuis des semaines maintenant, est Christian Hall, un magnat de l’immobilier en surface, mais trafiquant d’armes hors-pair dans les abîmes du commerce. Il est réputé pour être un sadique, mais j’espère qu’il sait n’avoir aucun intérêt à toucher aux deux choses que j’aime le plus sur cette planète, s’il espère avoir son argent.
Téléphone en main, je compose son numéro, mais cet imbécile ne répond pas.- Putain, fait chier.
Je remets mon bureau en ordre et Olivia entre à ce moment.
- Tu vas bien ?
- Oui.
- Qu’est-ce qu’il voulait ?
- Rien…
- C’est à propos de Lexie ?
- Livy, ça ne te regarde pas.
Surprise par l’aigreur de mon attitude, elle se braque, il faut dire qu’elle n’a toujours vu que mes bons côtés.
- Pardonne-moi, ma puce, viens par là.
Elle ne se fait pas prier pour me rejoindre et m’embrasser.
- Tu l’aimes toujours ?
- Bien sûr que non, honey, c’est toi que je vais épouser, tu te souviens ?
Son sourire éclaire son visage d’ange, je dépose alors un nouveau baiser sur ses lèvres. Mensonge, sur mensonge, je m’enfonce depuis des années, tout ça pour me retrouver dans une situation que je n’avais pas prévu et que j’ai absolument voulu éviter. J’annule tous mes rendez-vous de la journée et j’attends que ce timbré me rappelle enfin.
-
Commentaires
2golden_simmerLundi 14 Décembre 2020 à 12:34
Ajouter un commentaire
Se sont les mots de Ryan "toute cette merde allait forcément me retomber sur le dos un jour ou l’autre, malgré toutes mes tentatives pour leur éviter d’être des cibles de choix" !
C'est un connard, mais il avait ses raisons... même si ça n'empêche qu'il y a des choses qu'on ne peut pas vraiment lui pardonner...