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Chapitre 13
Samedi 9 Février
_Andrea
En fin d’après-midi, alors que je viens de raccrocher avec ma mamma, je m’installe à mon bureau pour classer des dossiers et regarder si celui de Ryan Bennett avance bien, le but étant d’attraper tous les gros poissons, pas uniquement le ver pendu au bout de la canne.
Ryuk quémande à sortir et c’est avec nonchalance que je me lève pour lui faire faire un tour. Mon chien est comme un coq en pâte, il furète chaque recoin. Mon téléphone vibre d’une façon particulière, une vibration unique que je n’ai attribuée qu’à une seule personne. Lexie Foster. Je me demande ce qu’elle veut, peut-être à cause d'hier soir, c’est un peu fébrile que je prends mon téléphone. Le SMS que je lis me fait beaucoup rire “Salut G.I.Joe, rejoins-moi vers 22h au bar Le 911 ! P.S : C’est soirée déguisée et je serais un petit chaperon rouge ! Lexie.” Je suis loin d’être un idiot, je sais très clairement que c’est Juliet derrière ce message. Comment la timide et fragile Lexie aurait pu écrire ceci ?
Est-ce que je vais m’en plaindre ? Grand dieu non. Voilà mon excuse pour la retrouver et j’ai déjà le déguisement parfait.- Ryuk, vieni !
Je ne réponds pas au message, inutile de gâcher l’effet de surprise. Je rentre et vais me préparer. De mon placard, j’ai ressorti mon vieux treillis qui me va encore comme un gant. Je regarde l’heure et prends la route, les filles doivent déjà être là-bas depuis un petit moment, je ne voulais pas arriver trop tôt, si je suis le mal venu, je m’en voudrais d’avoir gâché sa soirée.
J’entre et ne laisse pas les filles indifférentes, je peux sentir leurs regards, certaines se frottent à moi, d’autres jasent avec leur copines, mais je n’en ai que faire, la seule que je veux voir c’est mon petit chaperon rouge. Après un moment, je repère une capuche écarlate et m’approche doucement, mais dès que la personne se retourne, je vois que ce n’est pas elle et puis mon regard se perd plus loin et je la vois.
Ses longs cheveux qui cascadent autour de son visage angélique, et cette tenue beaucoup trop voyante, beaucoup trop courte n’est certainement pas ce qu’elle aurait choisi. Son air innocent est déformé par la colère, un gars lui tient le poignet fermement.
Sans me poser de questions, je m’avance à grands pas. La musique est si forte que l’on est obligé de crier pour se faire entendre.- Ça va, fait pas ta prude ma jolie, on est tous là pour s’éclater !
- Lâchez-moi maintenant, vous me faites mal !
- Tu veux jouer les coincées avec moi…
- Je crois que la demoiselle t’a demandé de la lâcher !
- T’es qui toi ? Casse-toi !
- Ça se voit, non, je suis G.I. Joe, maintenant dégage ! Fuori da qui coglione !
- Calme-toi le rital, reprends-là ta nana, elle m'intéresse pas, beaucoup trop frigide ! Bon courage !
Le bastardo, tel un taureau, je vois rouge, en temps normal, je suis réfléchi, et je sais pertinemment que si je lui mets mon poing dans la figure ça ne m'apportera que des problèmes pour le boulot, mais là plus rien ne me retient. Je fais un pas en avant et la petite main de Lexie se pose sur mon avant-bras.
- Andrea ! C’est bon, il n’en vaut pas la peine.
Comme un puissant calmant, je la regarde et m’arrête, elle est toute menue et tellement sexy dans ce costume… que j’ai peur que mon pantalon ait du mal à cacher l’effet qu’elle me fait.
- Qu’est-ce que vous faites-là ?
- J’ai reçu votre SMS !
- Mais je n’ai… oh la garce, c’est encore…
- Je sais ! Où est-elle d’ailleurs ?
- Elle m’a dit qu’elle partait aux toilettes, mais si vous voulez mon avis, elle n’y est pas allée seule…
Sa moue dégoûtée me fait beaucoup rire, comme un automatisme, son pied tape au rythme de la musique.
- Vous voulez boire un verre ?
- Non, merci, j’en suis déjà à mon troisième et je n’ai plus les idées très claires.
- Je vais vous raccompagner, envoyez un message à Juliet et rentrons !
J’ai l’impression de lui sauver la vie, son regard en dit long, elle n’est pas du tout à l’aise dans ce genre de soirée, et encore moins dans sa robe qu’elle tente de descendre chaque minute.
- Vous savez que vous n’allez pas rallonger le tissu en tirant dessus… ?
- Bon sang ! Allons-y ! Je lui écrirais de la voiture, j’ai la tête qui va exploser !
Elle passe devant moi, ce qui me laisse le loisir de regarder sans vergogne le galbe de ses fesses et de ses longues jambes. Lexie tient bien debout, mais ne marche pas vraiment droit, surtout qu’elle continue de vouloir étirer le léger tissu de son costume. Ce comportement incorrect, me vaudrait una lezione di mia madre, elle ne serait pas vraiment fière de moi à cet instant, je finis par regarder le chemin devant nous.
Une fois sur le parking, je prends les devants et elle me suis jusqu’à ma voiture. Elle se jette sur le fauteuil de l’auto en soupirant de bien-être. Je démarre et mets un peu de chauffage.- Vous ne m’en voulez pas d’être intervenu, j’espère, mais ce… testa di cazzo…
Je marmonne dans ma barbe et j’entends doucement rire Lexie à côté de moi.
- En fait, j’ai été rassuré de vous voir arriver ! Très sympa ce costume d’ailleurs !
- Grazie !
Lexie somnole, dans un état de mi-conscience, elle se rend compte que je ne me dirige pas chez elle.
- Où est-ce que vous allez ?
- A casa mia, gattina !
Je peux sentir sa peur transpirer par tous les pores de sa peau, l’angoisse la prend et le sommeil vient de s’évader subitement. Je sais très clairement ce qui se passe dans sa petite tête, elle m’a dit qu’elle avait bu et il est certain qu’elle craint que je ne m’amuse de sa situation.
- Orlane n’est pas là, vous avez bu et mon chien attend que je rentre, vous irez vous reposer et je vous déposerai chez vous demain !
- Vous n’êtes pas obligé, je peux me débrouiller toute seule.
- Je le sais, mais nous sommes déjà arrivés, à moins que vous ne vouliez rentrer à pieds, vous allez dormir ici.
Sa petite moue boudeuse m’oblige à sourire. Son téléphone résonne dans le hall de l’immeuble.
- Ah merde, Juliet, j’ai oublié de lui écrire.
Elle décroche.
- Juliet ! [...] Oui, désolé, j’ai oublié de t’écrire ! [...] Non, non. [...] Ne t’inquiète pas pour moi… je suis avec Andrea. [...] Tu es la pire amie du monde, tu le sais ? [...] Quoi ? Non ! Juliet, bonne nuit !
Toujours dans mon dos, chuchotant à la fin de son appel, elle finit par raccrocher sèchement.
- Sale peste !
- Tout va bien ?
- Oui, pas de problème ! Elle s’inquiétait ! Je suis confuse qu’elle ait encore osé vous écrire avec mon portable.
- Ça ne me gêne pas !
J’arrive devant la porte de chez moi et l’ouvre pour faire passer Lexie. Ryuk nous accueille avec bienveillance. Mon invitée s’avance timidement dans la pièce centrale. Le petit chaperon rouge, il n'était pas aussi sexy quand je l’imaginais étant petit.
- Pourquoi me regardez-vous comme ça ?
Sa question me sort de mes pensées.
- Pardon ! J’étais dans mes souvenirs ! Cappuccetto rosso !! Mon conte favori !
- Je suis certaine que le chaperon de la véritable histoire n’avait pas une robe aussi courte !
- Je ne pense pas, mais elle vous va à ravir !
Ses deux pommettes rougissent en cœur, elle détourne le regard, je pense qu’elle est flattée du compliment avant qu’elle ne pose les yeux sur moi et la colère que je peux y lire me glace le sang.
- Vous dites cela parce que je suis maquillée et habillée comme une prostituée.
- Non, bien sûr que non…
- Je suis fatiguée, où est-ce que je peux dormir ?
- Lexie, je vous assure que vous vous trompez…
- Et bien pourtant hier j’étais juste “bien” !
Oh ! Je vois où elle veut en venir, stupido, Lexie n’a aucune confiance en elle et aujourd’hui qu’elle est habillée de façon provocante et que j’ose lui dire qu’elle est belle, elle pense simplement que je suis un crétin qui n’attend qu’une seule chose.
- Hier, vous n’étiez pas juste bien, vous étiez bellissima, meravigliosa creatura…
Je reçois de ses cinq doigts délicats, une gifle que je n’attendais pas, au lieu de me rattraper, je m’enfonce plus encore. Andrea tais-toi, tu ne vas qu’aggraver les choses.
- Scusa mi, gattina, non è quello che pensi tu…
- Vous recommencez à parler italien, Monsieur Moretti…
- Je suis désolé, mais je vais me taire, allez vous coucher, je l’ai mérité.
Je traverse la pièce jusqu’à la porte de ma chambre, je sors d’un de mes placards quelque chose de long et confortable pour Lexie, je sais qu’elle est dans mon dos, mais ne dis pas un mot.
- Tenez, vous serez plus à l’aise.
- Merci ! Je pourrais utiliser votre salle de bain, j’ai besoin de me rafraîchir.
Je l’y conduis et lui donne tout ce dont elle pourrait avoir besoin puis je file dans ma cuisine, pour me servir un verre de limoncello que je descends cul-sec. Ryuk me regarde faire les cent pas dans mon appartement, que je trouve bien minuscule tout à coup. La porte s’ouvre et en sort une Lexie métamorphosée, fini le costume vulgaire et le maquillage provocant, elle est de nouveau une simple femme.
- Oh, ma che diavolo !
J’engloutis la distance qui me sépare d’elle, je la surplombe de ma hauteur, mais je n’ai rien de menaçant, au contraire. Ma main se faufile dans sa nuque, je saisis la base de ses cheveux et me penche vers elle. Lexie se laisse faire sans dire un mot, sans bouger et je pose doucement ma bouche sur la sienne, un baiser volé à la sauvette, un baiser auquel elle répond en bougeant les lèvres.
Je recule mon visage de quelques centimètres pour la regarder et replonge sur sa bouche, plus langoureusement. Avec délicatesse, sa main s’approche de mon visage, alors je ne m’arrête pas, seul nos lèvres sont en contact, je décide d’avancer petit à petit, jusqu’à la coller contre moi. Sa respiration commence à être saccadée et ses deux paumes se posent sur mon torse, à cet instant précis, ce n’est pas du désir qui émane d’elle, mais de la peur ce qui me coupe sans délai.
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Commentaires
2ReiScarlettVendredi 9 Octobre 2020 à 23:34Arf je peux comprendre qu'elle prenne peur.. Après toute les années avec l'autre trou de cul lol.. Par contre merci pour cette coupure atroce en plein week end mdr-
Samedi 10 Octobre 2020 à 15:35
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3AngieSimsSamedi 10 Octobre 2020 à 11:034golden_simmerSamedi 17 Octobre 2020 à 01:59Je la trouve quand même un peu dur avec Andrea mais elle s’est bien rattrapé avec le baiser-
Dimanche 18 Octobre 2020 à 15:30
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Ah cette Juliet, elle est machiavélique....
Andrea est arrivé à temps, l'autre lourdaud allait trop loin.
Un petit bisou, un petit bisou.. ou...ou..
Hou là, elle prend peur. Il s'arrête à temps comme un véritable gentleman.
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Mercredi 25 Novembre 2020 à 21:22
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Ptdrrrr !!! N'en n'attendez pas trop ! Il le dit, elle a peur et il s'arrête automatiquement ! FIN !