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Jeudi 25 Avril
Impossible pour moi de trouver le sommeil, alors j'erre dans la maison. Le silence de la bâtisse me terrasse un peu plus, je regrette mes mots envers Andrea, je sais qu’il n’y est pour rien, mais il était là, c’est à lui que j’ai fait les reproches, alors que j’aurais dû les faire à Ryan.
Je devrais prendre ma voiture, aller chez lui, je n’ai pas envie de causer d’ennuis à Andrea, mais il s’agit de ma fille, rien d’autre n’a d’importance. Je me dirige vers l’entrée, prête à mettre mes baskets quand mon téléphone sonne, il est pourtant plus de 2h du matin. C’est un numéro inconnu. Tremblante, je réponds.- Allo ?
- Madame Bennett, je savais que vous ne dormiez pas.
- Qui êtes-vous ?
- Ceci n’a pas vraiment d’importance, la question, c’est surtout, j’ai quelque chose qui vous appartient, est-ce que vous voulez le récupérer ?
- Orlane ? Où est-elle ? Ne lui faîtes pas de mal s’il vous plaît…
- Arrêtez vos jérémiades, c’est épuisant. Vous viendrez à l’adresse que je vais vous envoyer, vous avez 35 minutes.
- Et c’est tout ?
- Vous viendrez seule, j’ose espérer que cette conversation restera notre petit secret !
- Qu’est-ce que vous…
L’interlocuteur me raccroche au nez. Mon téléphone bip de nouveau, signalant un message texte, l’adresse s’affiche et le GPS de mon téléphone m’indique qu’il me faut un peu plus que 35 minutes pour arriver à destination, alors ni une, ni deux, j’enfile mes chaussures et pars.
À cette heure-ci, il n’y a personne sur les routes, je peux rouler aussi vite qu’il le faut pour arriver à temps au lieu indiqué par l’inconnu. Je sors de ma voiture et attends quelques minutes quand des phares éclairent l’endroit. L’adrénaline qui me tenait compagnie jusque-là se tarit, je frissonne de peur.- Madame Bennett !
- Où est Orlane ?
- À la maison, elle attend sa maman avec impatience !
- Mais vous avez dit…
- Je n’ai rien dit, seulement de vous pointer ici, ce que vous avez docilement fait.
Une brûlure au niveau de mon cou se fait sentir, quand je comprends qu’un second homme vient de me piquer avec une aiguille, il est trop tard. Je m’endors instantanément.
J’émerge lentement de ma léthargie, le soleil baigne la pièce entière d’une lumière éclatante, la pièce est vraiment belle, mais je n’oublie pas ce que je fais ici. Rapidement, sur mes deux pieds, j’avance vers la porte quand celle-ci s’ouvre. L’homme qui vient d’arriver ne semble pas malveillant, on dirait plutôt un domestique.
- Vous êtes enfin réveillée !
- Où est ma fille ? Qui êtes-vous ?
- Mademoiselle Bennett prend le déjeuner avec votre hôte.
- Mais c’est quoi ce bordel, je veux voir ma fille.
- Si madame veut bien se donner la peine de se changer avant de descendre.
- Pardon ?
- Le maître des lieux souhaiterait que vous revêtiez un des effets présent dans le dressing.
- J’en ai rien à foutre de ce que veut ce fou, il est hors de question que je porte autre chose que mes affaires.
- Il a dit aussi, que dans le cas où vous feriez la difficile, il était bon de vous rappeler que vous étiez sous son toit et que Mademoiselle Bennett et vous-même pourrez être traitées de manière différente.
Je respire un grand coup, je vois que je n’ai pas le choix.
- Très bien.
Le majordome quitte la pièce et je m’approche du dressing, en ouvrant la porte, je découvre qu'il est entièrement rempli, dans d’autre circonstances, j’aurais pu en être impressionnée, y prendre plaisir, mais ce n’est pas le cas. Je parcours vite fait toute les choses présentes et force est de constater qu’il n’y a que des robes, je cède à ses caprices.
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_Andrea
Après avoir été mis à la porte par Lexie, j’ai roulé jusque chez Ryan, en planque devant sa baraque. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, Bennett vient de prendre sa voiture et je le suis, jusqu’à sa banque, son comportement est tout ce qu’il y a de plus banal. J’appelle Lexie, je sais qu’elle est triste et en colère, mais je ne veux pas qu’elle se sente abandonnée, mais tous mes appels restent sans réponse.
Préoccupé, je lâche Bennett et me rends chez elle. Sa voiture n’est pas dans l’allée, sa porte n’est pas fermée à clef.- Lexie ?
Mais aucune réponse, la maison est déserte, j’appelle Matthew.
- Moretti ?
- Localise-moi le téléphone de Lexie.
- Je suis sur autre chose, là, ça peut pas att…
- Maintenant !
- Ok, reste calme, je t’envoie tout ça par message quand je l’ai.
- Merci.
Je raccroche, sur les dents, je ressors de la maison, je lui avais dit de ne pas faire d'imprudence, mais comme d’habitude, elle n’écoute jamais rien. Je finis par recevoir des coordonnées GPS, je fonce vers le lieu indiqué.
A mon arrivée, il m’est facile de repérer la Clio blanche de Lexie garée, elle est ouverte, la carte est dans son emplacement et son portable jonche le sol côté conducteur. Dans ce dernier, un appel inconnu vers 2h du matin. Juste à côté de sa roue, une seringue. Bon sang qu’est-ce qu’elle a fait ?
Mon anxiété est à son maximum, de même que ma colère. Je remonte dans mon Alpha et fonce directement retrouver cet idiot de Bennett, terminer de rester dans les clous, maintenant, ce sont mes propres règles.
J’ouvre la porte avec violence, la petite secrétaire blonde sursaute sur sa chaise.- Je peux vous aider ?
Mais je ne lui réponds pas, et me dirige directement dans son cabinet.
- Vous ne pouvez pas entrer ici ! Arrêtez !
Le blond est à son bureau, mon entrée fracassante lui fait lever le nez de ses affaires et lorsqu’il croise mon regard, le sien devient ténébreux.
- Olivia, c’est bon, retourne à ton poste, je m’en occupe.
Sa maîtresse s'exécute et nous laisse seuls.
- Monsieur Moretti, que me vaut le plaisir de votre visite ?
Je m'efforce de rester courtois et m’appuie sur son bureau.
- Assez joué, monsieur Bennett, Orlane a disparu hier, et maintenant, c’est au tour de Lexie.
L’espace d’un instant, son visage se tord dans une moue inquiète avant de reprendre son air définitivement neutre.
- Nous savons pertinemment que tout ça est de votre faute.
- Vous ne savez rien…
- Vous avez déjà failli nous coûter la vie avec Orlane il y a un mois de ça… sans compter la venue de la Faucheuse… arrêtez de me mener en bateau.
Fou de rage, je pousse son bureau puis saisis le col de sa chemise.
- Lequel de vos associés est mécontent en ce moment au point de vous voler la chose la plus précieuse du monde monsieur Bennett ?
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Si vous tenez un tant soit peu à votre famille, donnez-moi des noms.
- Je tiens à elles plus que vous ne pouvez l’imaginer, Moretti, lâchez-moi.
Ma prise se desserre et il retombe sur ses pieds.
- Sortez de mon bureau, vous perdez la tête.
- Je n’en ai pas fini avec vous Bennett.
J’accède à sa demande, parce que je sais pertinemment qu’il va enfin se bouger et m’amener tout droit où elles sont.
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_Ryan
Je remets ma cravate en place et garde un semblant de calme, mais les émotions en moi se bousculent. C’était couru d’avance, toute cette merde allait forcément me retomber sur le dos un jour ou l’autre, malgré toutes mes tentatives pour leur éviter d’être des cibles de choix, Lexie et Orlane, se retrouvent en mauvaise posture, une nouvelle fois, à cause de mes décisions.
Le seul fou, qui me menace depuis des semaines maintenant, est Christian Hall, un magnat de l’immobilier en surface, mais trafiquant d’armes hors-pair dans les abîmes du commerce. Il est réputé pour être un sadique, mais j’espère qu’il sait n’avoir aucun intérêt à toucher aux deux choses que j’aime le plus sur cette planète, s’il espère avoir son argent.
Téléphone en main, je compose son numéro, mais cet imbécile ne répond pas.- Putain, fait chier.
Je remets mon bureau en ordre et Olivia entre à ce moment.
- Tu vas bien ?
- Oui.
- Qu’est-ce qu’il voulait ?
- Rien…
- C’est à propos de Lexie ?
- Livy, ça ne te regarde pas.
Surprise par l’aigreur de mon attitude, elle se braque, il faut dire qu’elle n’a toujours vu que mes bons côtés.
- Pardonne-moi, ma puce, viens par là.
Elle ne se fait pas prier pour me rejoindre et m’embrasser.
- Tu l’aimes toujours ?
- Bien sûr que non, honey, c’est toi que je vais épouser, tu te souviens ?
Son sourire éclaire son visage d’ange, je dépose alors un nouveau baiser sur ses lèvres. Mensonge, sur mensonge, je m’enfonce depuis des années, tout ça pour me retrouver dans une situation que je n’avais pas prévu et que j’ai absolument voulu éviter. J’annule tous mes rendez-vous de la journée et j’attends que ce timbré me rappelle enfin.
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Vendredi 26 Avril
Alors qu’il me demande de m'apprêter pour lui, je n’ai pas encore eu l’occasion de voir ce psychopathe à la lumière, son majordome me conduit au travers de l’immense édifice. Les pièces sont démesurées, la décoration plutôt chic et ancienne. M’attarder sur la décoration de l’endroit m’évite de sombrer plus encore. Dans la salle à manger, un homme se tient en bout de table et un domestique vient de débarrasser une assiette. Où est ma fille ?
- Madame Bennett, je suis honoré de faire votre connaissance. On s’est croisé une fois, mais vous n’étiez pas aussi belle qu’aujourd’hui.
Il est enfin le temps de mettre un visage sur notre ravisseur, il s’empare de ma main et y dépose un baiser sur le revers, dégoûtée, je la retire.
- Où est Orlane ?
- Elle vient de terminer son repas, comportez-vous comme une dame et vous pourrez bientôt la revoir, dans le cas contraire, vous ne voulez pas savoir, croyez-moi !
En y regardant bien, je me souviens de lui maintenant. L’homme m’invite à prendre place à sa table, ce que je fais sans broncher. Son portable dérange le silence ambiant.
- Ah ! Votre mari se souvient enfin de mon numéro, il ne lui aura pas fallu bien longtemps ! Laissons-le mariner encore un peu, pour mon plaisir !
C’est évident qu’il parle de Ryan, je me demande comment il a su ? Peut-être qu’Andrea l’a secoué, même si j’en doute, vu la façon dont je l’ai renvoyé de la maison. Je picore le plat devant moi.
- Que voulez-vous ?
- Que Bennett me vire mon fric, il n’a pas voulu donner réponse à mes nombreux appels, j’ai donc dû trouver un moyen d’attirer son attention.
- Putain, vous non plus n’avez pas compris qu’il est avec une autre femme aujourd'hui.
- Un passe-temps…
- Un passe-temps qu’il va épouser…
- Je décèle une pointe de jalousie dans vos paroles madame Bennett !
- Moi, jalouse ? Absolument pas...
La porte de la grande pièce s’ouvre dans un fracas assourdissant. Un jeune homme à la chevelure d’or entre et n’a pas l’air commode.
- Je vous présente mon fils, Dimitri. Dimitri, dis bonjour à notre invitée.
- Bonjour.
Je ne réponds rien, je suis gênée par le regard que me lance cet homme.
- Un nouveau jouet ?
- Non, une invitée… enfin jusqu’à ce que Bennett paye, après nous verrons !
Un long frémissement parcourt chaque parcelle de mon corps. Le plus vieux des deux se lève et s’approche de moi.
- Soyez prête à 20 heures !
Sans un mot de plus, il disparaît, me laissant seule avec son fils. Dimitri se penche vers moi, son regard fourbe, son sourire diabolique.
- Personnellement, c’est la blonde que j’aurais voulue, mais tu feras largement l’affaire.
- Je ne vous laisserai pas me toucher, espèce de cinglé.
- Ah, tu crois ? Quand Bennett aura fait le virement, je me ferai un plaisir de lui coller une balle en pleine tête et après ça, je m’occuperai de ton cas !
Je déglutis difficilement et commence à pleurer. Dimitri se lève en ricanant afin de quitter la pièce. On m’enferme à nouveau dans cette chambre, où j’erre toute la demi-journée, jusqu’à ce que le majordome exige que je me prépare. Les larmes aux yeux, j’obéis, parce que je vais bientôt retrouver ma petite fille. Elle me manque, ma vie paisible d’il y a quelques jours me manque.
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_RyanJ’ai décidé d’ouvrir la banque aujourd’hui et faire comme si tout était normal, je sais que Moretti me colle aux baskets, mais je ne peux pas lui en vouloir, nous voulons tous les deux la même chose. Il me paraît évident maintenant, qu’il n’est pas une nourrice, mais un flic, trop accaparé par mes problèmes et par le fait qu’il s'approprie ma bien-aimée, je n’ai jamais fait le rapprochement. Stupide.
Je reste tranquille, parce que je sais que Hall détient mes trésors, si ce n’était pas le cas, il aurait déjà rappelé depuis longtemps, au lieu de ça… il me laisse moisir dans mes pensées sombres, tel un sadique. Je suis en train de finir d’écrire ma lettre quand il rappelle enfin.- Monsieur Hall ! Comment allez-vous ?
- Bien et vous-même Bennett ?
- On fait aller… il me semble que vous détenez quelque chose à moi ?
Le rire méprisant et moqueur de mon interlocuteur résonne dans le combiné.
- On peut même dire qu’il s’agit de deux quelque chose ! Tout ça aurait pu être évité si vous aviez répondu à mes appels bien avant.
- Hall, vous savez comme moi que les affaires sont un monde de requin, vous n’êtes pas le seul à requérir à mes services.
- Ce n’est pas faux, mais je suis le seul à détenir une paire d’as ! Venez dîner à la maison, j’organiserai une petite réunion de famille. À 19h30 monsieur Bennett, ne soyez pas en retard.
- Comptez sur moi, Hall.
Christian raccroche sans attendre, je souffle un instant et termine ma lettre, je crois que c’est la seule chose qu’il me reste à faire. Olivia entre dans la pièce quelques instants avant que j’en sorte.
- Oh ! Tu allais partir ?
- J’allais te proposer de rentrer à la maison !
- Ça tombe bien parce que j’avais besoin de te parler, on pourrait peut-être aller manger un morceau dehors ?
- J’aimerais bien, mais j’ai un gros contrat à négocier ce soir, ça peut attendre demain, non ?
Elle me regarde tout en réfléchissant puis sourit.
- Oui, ça peut attendre demain !
- Très bien, rentrons alors.
Nous avions à peine passé la porte, que la jolie blonde me sautait dessus, un tantinet surpris, je décide de me laisser emporter… Chacune de mes caresses, chacun de mes baisers, attisent le désir de Livy, ses dernières semaines, elle est plus réceptive et beaucoup insatiable… j’ai besoin de décompresser, j’ai besoin de lui laisser un bon souvenir de moi. Olivia n’est pas une mauvaise personne, je suis une mauvaise personne.
Alors qu’elle s’est endormie, je prends une douche, me prépare et taille la route à l’adresse que je viens de recevoir par texto.
Cachée derrière un petit portail de métal, la grande baraque devient de plus en plus imposante au fur et à mesure de mon avancée, une bâtisse dans le style tape à l’œil et pompeux de Christian Hall. Je m’annonce à l’entrée et on m’autorise l’accès. Je remarque qu’il y a peu de gardes ou d’hommes armés, ce que je trouve étrange. L’enfoiré de Hall se pointe à la porte.
- Vous êtes à l’heure, monsieur Bennett !
Professionnel, je lui serre la main, mais je voudrais lui arracher le sourire sournois de sa bouche. Je me retourne et ferme la voiture d’un clic, je jette un œil au loin, souffle un coup et emboîte le pas au psychopathe devant moi. L’homme me traîne jusque dans un salon et me propose de m’asseoir.
- Où sont ma femme et ma fille ?
- Ah oui ! Où avais-je la tête ! Allez donc me chercher la petite Bennett !
Un homme près de la porte décampe.
- Ne vous inquiétez pas, j’ai pris grand soin des deux demoiselles !
- Je ne m’inquiète pas.
Mensonge, mais si je lui laisse voir que j’ai peur, ce sera laissé entrer le diable et je refuse de lui donner plus de pouvoir sur moi. La porte s’ouvre à nouveau, laissant passer ma fille, tout sourire.
- Papa !!!
- Ma puce ! Tu vas bien ? Tu n’as rien ?
- Je vais bien, papa !
- Je vous l’avais dit, j’ai pris soin de ce qui vous appartient, monsieur Bennett !
- Où est Lexie ?
- Certainement en train de se préparer ! Prenons place, pendant que nous l’attendons.
Je tape du pied, nerveusement, pendant qu’Orlane reste assise près de moi, silencieuse. Hall me parle de la pluie et du beau temps, il semblerait qu’il ait oublié qu’il a enlevé des personnes chères à mon cœur et que si nous sommes tous ici, ce n’est pas de notre plein grès. Les deux grands battant de bois se sépare en deux, dans un grincement, Lexie s’avance alors doucement dans la pièce, suivit de Dimitri, le fils de Hall. Elle est resplendissante. Les yeux de la brune se posent immédiatement sur notre fille, ses larmes coulent en continu.
- Orlane !!!
- Maman !
- Mon dieu, mon bébé, tu vas bien ?
- Oui, maman, je suis désolée, j’aurais dû rester avec Andrea.
- Chut, ce n’est pas grave.
Les deux filles se serrent fort dans les bras, Lexie ne veut pas lâcher notre fille, je n’ose pas déranger ce moment, car je sais que je ne suis plus le bienvenu. La détresse que je lis dans ses yeux lorsqu’elle les relève manque de me tuer, je pense qu’elle va m’incendier, mais contre tout attente, elle me saute dessus, me prenant énergiquement dans ses bras, je la serre plus fort contre moi. Toujours sanglotante, elle chuchote à mon oreille.
- Ryan, ils vont te tuer…
- Ne t’en fais pas, tout va bien se passer.
Je m’empare doucement de sa joue et essuie les larmes qui coulent avant de poser mon front contre le sien puis ma bouche furtivement sur la sienne.
- En voilà une jolie petite famille réunie !
Lexie se cache dans mon dos, je remarque le regard dépravé que pose Dimitri sur elle.
- Bon et bien, les filles peuvent y aller maintenant, les affaires, c’est ennuyeux !
- Oui, mais nous allons d’abord manger, nous parlerons affaires après !
- Je ne pense pas qu’elles veuillent rester encore ici.
- Je ne pense pas que vous soyez en mesure de négocier ! Allons manger.
- Bien.
- Et puis ça vous donnera l’occasion de passer un peu de temps tous les trois, il me semble que ces derniers temps tout cela est plutôt compromis.
Je serre les dents et décide de ne rien répondre, la petite main de Lexie est toujours dans la mienne, elle me suit docilement. Tout le monde ici joue la comédie, la courtoisie dont nous faisons preuve n’est qu’une image crée par la peur ou la cupidité.
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Vendredi 26 Avril
_Ryan
Le repas se passe plutôt bien, vu les circonstances dans lesquelles nous sommes réunis ici, mais je veux en finir une bonne fois pour toute et sortir d’ici, ou au moins faire sortir les filles d’ici. Hall se lève, faisant sursauter Lexie.
- Si vous le voulez bien, passons au salon pour discuter d'affaires.
Lexie se lève à son tour, les larmes aux yeux.
- S’il vous plaît, laissez partir Orlane, elle n’a pas besoin d’assister à tout ça… S’il vous plaît…
- Bien, Auguste, veuillez amener mademoiselle Bennett dans sa chambre, le temps que… nous réglions quelques affaires.
Orlane me regarde et le cœur battant à tout rompre, je m’empare de son petit corps de fillette et la serre très fort contre moi, je chuchote doucement à son oreille.
- N’oublie jamais à quel point je t’aime ma petite grenouille, jamais.
- Moi aussi, je t’aime papa, de tout mon cœur ! À tout à l’heure !
Elle me fait un petit signe de la main et disparaît avec le majordome.
- Ce que vous êtes sinistre Bennett, respirez !
Pas sinistre, réaliste. Je sais que je ne passerai pas la porte de cette maison, en tout cas pas debout. Je regarde Lexie, je ne m’en fais pas pour elle, je sais que son chevalier blanc viendra la secourir. Je lui souris tendrement, elle paraît surprise, mais me rend un sourire timide en rougissant.
- Monsieur Bennett, prenez place.
Prenant place sur un fauteuil, Lexie veut s’asseoir près de moi, mais Dimitri qui s’installe en face à côté de son père la fait frissonner de terreur.
- Lexie ? Ça va ?
- Oui…
- Ne t’en fais pas, c’est bientôt fini…
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_Lexie
Les paroles de Dimitri tournent en boucle dans ma tête et son regard de chien fou ne fait rien pour me faire oublier. Près de Ryan, j’avais oublié à quel point, son parfum était enivrant, j’avais oublié à quel point il pouvait être prévenant. Son petit sourire affectueux, ses yeux de chaton, Ryan n’avait plus fait ça depuis longtemps… Je devrais être en colère contre lui, lui en vouloir pour tout ça, et je suis juste contente qu’il soit là et de ne plus être seule dans cette merde.
Ryan et Hall parlent chiffres à n’en plus finir, je ne comprends rien, tout ceci n’est qu’un tas de charabia, mais quand le blond ponctue sa dernière phrase d’un “bien”, je comprends que les négociations sont terminées.- Vous voyez comme il est facile de faire affaire monsieur Bennett !
Tout le monde se lève, Hall serre la main de Ryan puis Dimitri sort de l’arrière de son pantalon un flingue qu’il pointe dans notre direction. Impulsivement, je me place devant Ryan.
- Non !
- Tu crois que tu es en mesure d’exiger quelque chose ma jolie ?
- Je vais rester ici, laissez Ryan et Orlane repartir.
- Tu es folle Lexie !
- Tu vois mon fils, parfois, il suffit d’un peu de persuasion plutôt que d’une effusion de sang.
- D’accord.
Dimitri se radoucit et baisse son arme, il me fait signe d’approcher, ce que je fais.
- Qu’est-ce que tu fais, Lexie ?
- Je te sauve la vie…
- Tu n’as pas à faire ça…
- Mais je le fais quand même.
- Blablabla, ça suffit le flirt… C’est quand même moins drôle si on ne lui colle pas une balle.
Subitement, il relève son arme à feu, le bruit du verre brisé retentit, puis celui d’une déflagration. Je me couvre les oreilles et me baisse quand un attroupement d’hommes en uniforme déboule dans la pièce en braillant et remuant dans tous les sens.
- À TERRE ! TOUT DE SUITE !
- Officier Rogers, envoyez une ambulance, homme à terre, blessure par balle.
Je relève doucement la tête et remarque toute l’agitation dans la pièce, mais ce que je vois surtout, c’est Ryan allongé au sol, un officier pensant sa blessure.
- Ryan ? Ryan !
Sans réfléchir une minute, je me précipite sur lui, poussant l’homme en uniforme, je tiens fermement ma main sur l’impact qui fait couler énormément de sang.
- Bon sang, Ryan… ne nous laisse pas…
- Je…
- Chut, ne parle pas, tu t’épuises inutilement.
- T’aime…
- Je t’aime aussi… arrête de parler maintenant.
Les larmes inondent mon visage, à cet instant, pour moi, nous avons juste 16 ans, et l’amour que j’ai pour lui est inconditionnel, il n’est plus question d’Andrea, ni d’Olivia, parce que je sais au fond de moi que c’est la fin, je sens sa vie s’évanouir, et le sang qui inonde mes doigts le prouve. Dans un élan de folie, je dépose un baiser sur ses lèvres, où le sang commence à poindre, mais je m’en fous, je veux qu’il sache que je suis là, jusqu’à la fin.
Malheureusement, il ne vivra pas jusqu’à l’arrivée de cette foutue ambulance, malgré la pression que j’effectue, il s’éteint doucement dans mes bras.- Ryan ? Ryan, je t’en prie…
Je m’effondre sur son corps sans vie, le temps autour de moi s’est arrêté, mon cœur vole en éclats une fois encore.
Une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauter. Mes yeux brûlant s’arrêtent sur la personne derrière moi, qui n’est autre qu’Andrea, mais je suis toujours coincée dans cette bulle que j’ai créée où j’ai 16 ans.- Il faut que tu le laisses maintenant.
- Non !
- Lexie, il faut y aller, c’est fini.
Andrea saisit fermement mes bras pour me lever, mais la fougue en moi me fait devenir mauvaise.
- NON ! LÂCHE-MOI ! IMMÉDIATEMENT !
Je me soustrais à sa prise et retourne pleurer sur Ryan, Andrea n’insiste pas et me laisse au sol. Jusqu’à ce que son ami Matthew arrive quelques minutes après lui.
- Allez, il faut y aller, madame Foster.
- Laissez-moi, vous aussi.
- Je ne suis pas Moretti, s’il se comporte comme une chiffe-molle avec vous, c’est son problème, maintenant, on y va.
Rambo me soulève avec force, sa poigne serrée me laissera probablement des bleus dans quelques heures, pendant que je m’époumone pour tenter de lui résister, il me traîne jusqu’à l’extérieur où j’y trouve Andrea et Orlane. À la vue de ma fille, c’est comme un électrochoc, je me précipite sur elle et l’enlace.
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Vendredi 3 Mai
_Andrea
Les funérailles de Bennett ont eu lieu ce matin, j’y ai assisté de loin, je voulais soutenir Lexie, même si aujourd’hui elle n’est plus qu’un être rempli de tristesse. Je remarque qu’Olivia aussi assiste de loin à la cérémonie, elle est autant effondrée que Lexie et comme moi, elle repart bien avant tout le monde dans son coin.
J’ai la sensation que la vie heureuse que je menais il y a quelques jours, était en réalité il y a des années, le cœur meurtri par les derniers événements. Pendant qu’elle s’épanchait sur Ryan et que sa bouche embrassait encore la sienne, je me tenais dans son dos à l’écouter et la regarder.
Au volant de ma voiture, je me rapproche du domicile de Lexie, je n’y ai pas remis les pieds depuis qu’elle m’a mis à la porte. C’est le cœur lourd que je toque à sa porte, elle ouvre, surprise et sort sur le palier.- Salut, je te dérange peut-être ?
- Mes parents et Juliet sont là.
- Je suis désolé, il fallait que je te voie.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
Elle est distante et froide, ce qui me rend nerveux.
- Je dois retourner en Italie, je suis muté là-bas.
Lexie semble tomber des nues.
- Tu retournes en Italie ?
- Si !
- Pour toujours ?
- Si ! Je retourne auprès de ma famille...
La petite brune recule jusqu’à toucher la porte.
- Viens avec moi.
- Partir avec toi ?
- Oui ! Je sais que c’est un peu brutal, mais venez toutes les deux… on pourr…
- Non !
- Quoi ?
- Non ! Je ne peux pas partir d’ici, c’est chez moi, ici.
Le coup-de-poing que je prends en pleine poitrine manque de me faire tomber à genoux devant elle.
- Tu ne peux pas débarquer, un jour comme aujourd’hui pour me dire ça, c’est minable et abjecte de ta part.
- Lexie, per favore, pardonne-moi, mais je ne veux pas partir sans vous…
- Et nous ne pouvons pas quitter notre chez nous… tu peux le comprendre.
Je ne veux pas argumenter plus que ça avec elle, c’est inutile, je la connais assez pour savoir qu’elle ne cédera pas comme ça, en tout cas pas ce soir. Je m’avance doucement vers elle et dépose un baiser sur sa joue puis murmure doucement à son oreille.
- Ti amo, amore mio, per sempre, è tornerò
quando sarai pronta…Je tourne les talons et rejoins ma voiture, avant d’y monter, je jette un dernier regard à Lexie, toujours immobile sur son palier et à la fenêtre de leur salle à manger, la petite tête d’Orlane me scrute, alors je lui envoie un baiser avec ma main.
Ryan est sa Sienna, je comprends donc qu’elle a besoin de temps pour faire son deuil et se retrouver elle, avant de retrouver ce que nous partagions.
Même si je pars de chez elle mal en point à l’intérieur, je sais que c’est pour leur bien à toutes les deux et je ne désespère pas de les retrouver bientôt.FIN.
Épilogue en huit parties !
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Dimanche 7 Juillet 2019
La journée est belle, le soleil est au rendez-vous, ce que j’aime l’été ! C’est comme si tout était possible et réalisable. Il est à peine 10h, mais la chaleur nous oblige à profiter de la piscine.
Orlane s’amuse comme une folle avec le chaton que je lui ai offert il y a maintenant deux semaines.- Maman, regarde Étoile ! Il fait ses gros yeux !
Elle attise l’instinct de chasseur de son chat, qui est prêt à bondir sur le jouet qu’elle a en main. Sa bouille nous fait craquer à tous les coups. Je suis heureuse d’avoir cédé, sa présence nous fait du bien à toutes les deux.
Cela fait maintenant deux mois que notre vie a pris un sacré tournant, nous essayons de faire abstraction de ces moments douloureux, mais le soir quand je suis seule, je pleure. Orlane vient me retrouver, toute penaude.- Dis, maman, est-ce qu’on peut aller voir papa ?
- Tu veux y aller ?
- Oui, s’il te plaît.
Ma fille n’aime pas se rendre sur sa tombe, si bien que j’y vais seule la plupart du temps. Alors quand elle me le demande, je n’hésite pas une seconde, elle aussi a besoin de faire son deuil. On s’habille et nous rejoignons le cimetière.
La température joue en notre faveur, puisqu’il y a peu de monde, à l’exception de l’emplacement de Ryan. Ses longs cheveux blonds ne me trompent pas. En d’autres circonstances, j’aurais fait demi-tour, mais Orlane ne comprendrait pas.
Au fur et à mesure de notre avancée, je distingue que son profil n’est plus aussi plat qu’autrefois.- Bonjour Olivia.
Elle tressaute à ma voix puis s’essuie le nez.
- Lexie ?
- Coucou Olivia ! Tu attends un bébé ?
- Bonjour, petite grenouille ! Oui, je ne peux plus le cacher !
Orlane a le droit à un baiser sur sa tête et je ne peux m’empêcher de lorgner son ventre rebondi.
- Tout va bien ?
- On fait avec…
- Tu... tu portes l’enfant de Ryan ?
Ses sanglots redoublent d’intensité, je me sens idiote d’avoir demandé ça, ça ne me regarde pas.
- Tu n’es pas obligé de répondre, ce ne sont pas mes affaires.
- Non ça va… oui, j’avais prévu de le lui dire ce soir-là, mais il a répondu que nous pourrions discuter « demain », il n’a jamais eu le droit à un lendemain…
Je me sens si mal face à sa tristesse.
- Il ne saura jamais qu’une deuxième petite fille allait venir combler notre famille… je ne saurais jamais quel prénom choisir…
- Zoé !
Je réponds sans réfléchir, Olivia me lance un regard interrogateur.
- C’est comme ça qu’il voulait appeler Orlane, il adorait ce prénom… mais j’ai gagné la bataille, il m’a dit que si nous avions une autre fille c’est comme ça qu’elle se nommerait… je n’ai jamais pu lui donner cet enfant… je sais qu’il approuverait !
- Merci, Lexie…
- Je sais que… nous avons eu des différends, mais je veux qu’Orlane connaisse sa petite sœur… si tu souhaites rester en contact avec nous…
- C’est vrai ?
- Oui !
- Je suis contente d'avoir une petite sœur !
Olivia semble retrouver un peu de joie, je souris sincèrement, il est temps d’avancer dans nos vies et je ne peux pas lui en vouloir pour toujours.
- On y va, Orlane ?
- D’accord.
- À bientôt peut-être Olivia ! Bon courage pour la suite.
Nous nous apprêtons à repartir quand la blonde m’interpelle.
- Lexie, attends.
Je me retourne et elle sort de son sac un morceau de papier.
- Je voulais te dire que je regrette vraiment ce qu'il s'est passé... Je... J'ai trouvé cette lettre dans les affaires de Ryan… elle t’est adressé… je n’ai pas osé te la déposer.
- Une lettre ?
Je la prends, fébrile, je reconnais l’écriture de Ryan, il est écrit « Lexie » sur l’enveloppe.
- Je voulais la lire, mais je n’ai pas pu…
- Merci !
Je range la missive dans mon sac et nous laissons Olivia… elle a probablement plus besoin que moi d’être avec Ryan.
Il m’a fallu quelques semaines pour me remettre de mes émotions, perdre Ryan m’a vraiment fait beaucoup de peine, parce que c’était mon ami, mon premier amour, le père de ma fille, il a toujours eu une place particulière dans mon cœur, malgré toutes les mauvaises choses qu’il a faites… qu’il m’a faite. Mais perdre Andrea m’a vraiment dévasté...
Orlane est partie se coucher avec Étoile, je me retrouve seule, comme chaque soir. Je m’empare de la lettre que m’a remise Olivia plus tôt, m’affale sur mon canapé et commence à lire.Chère Lexie,
Ma tendre Lexie chérie, si tu lis cette lettre, c’est que probablement nos derniers instants ne se sont pas passés comme je l’espérais. J'aurais voulu te dire tout ceci de vive voix... mais il faut se rendre à l'évidence, il est un peu tard pour me racheter une conscience... J’ai vécu dans le mensonge pendant si longtemps, qu'aujourd'hui ma vie n’est que superficielle. Il y a tant de choses que je t’ai cachées, tant de choses que je regrette.
Tout d’abord, je dois te demander pardon, pardon pour les choses que j’ai dites ou faites et qui t’ont fait souffrir. Je sais que j’ai eu des comportements irrespectueux envers toi et pour ça aussi, je m’excuse. Vivre cette double vie, n’a pas aidé mes sautes d’humeur, me rendant irritable et fou à lier... Ma douce Lexie, malgré tout ceci, même si tu en doutes, je n’ai jamais cessé de t’aimer, tu as toujours été la première, la seule.
Il faut que je t’avoue, si j’ai été vers Olivia, je l’ai fait dans le but de te protéger, ainsi qu’Orlane, c’est horrible à dire, mais j’espérais qu’en lui montrant de l’intérêt, plus qu’à toi puis en me montrant au grand jour avec elle, l’épouser, t’épargnerait ce qu’il t’est arrivé, mais il faut croire que j’avais tort, encore une fois, même si j’ai fini par l’apprécier, je voulais à tout prix t’éloigner de moi.
Et je t’ai vu, au fur et à mesure, t’épanouir, loin de moi, tu es redevenue cette femme resplendissante que tu étais autrefois… je suis devenu jaloux, de cet homme qui te voyait comme je n’avais plus l’occasion de te voir. Je sais aujourd’hui, que c’est lui qui fait battre ton cœur plus que jamais, et je sais qu’il t’aime autant, voir même plus que moi… je sais qu’il aime notre fille comme si c’était la sienne, alors ma douce Lexie chérie, sois heureuse avec lui, prends soin de notre petite Orlane comme tu l’as toujours fait. J'espère qu'elle n'oubliera pas que son père l'aimait plus que tout.
Adieu, ma tendre Lexie.
Je t’aime.
RyanLes larmes s’emparent de moi, je suis abasourdie par ses révélations, mais quel idiot, stupide. Je ne peux pas croire qu’il ait fait ça… j’ai même de la peine pour Olivia…
Il voulait que je sois heureuse, mais à cause de lui, c’est tout l’inverse… Tout à coup, la petite tête de ma fille apparaît, elle ne dit rien, mais se contente de me prendre dans ses bras et nous restons comme ça un moment, doucement un poids invisible disparaît de mes épaules._________________________
Mardi 9 Juillet 2019
_Andrea
Je pousse la porte de la maison alors qu’il est 22h, je suis complètement vanné de ma journée. J’en ai marre de courir après des petits dealeur de rue, des voleurs et des escrocs. Je pensais que revenir à la maison allait me faire du bien, ce n’est pas le cas.
Les bières dans mon frigo m’appellent, comme pratiquement tous les soirs, je m’en prends une quand une masse de cheveux roux s’avance vers moi, totalement nue. Je déglutis en la voyant s’aventurer vers le frigo et prendre un bol de fraises, même Ryuk semble déconcerté.- Cesca*, dove sei furbetta ?
Vincenzo se montre à son tour, dans la même tenue.
- Cos’è questo cazzo di bordello Enzo** ?
- Scusa fratello !
Je lève mes yeux au ciel pendant qu’il récupère la rouquine et file dans sa chambre. Vivre avec ce cretino n’est pas de tout repos. Je me frotte les yeux et soupire, je sais que je ne vais pas arriver à trouver le sommeil cette nuit, par conséquent, entendre mon frère baiser sa nouvelle conquête ne va qu’accentuer le manque que je ressens.
Deux mois que je n’ai eu aucune nouvelle de Lexie, ça me rend à cran et tout le monde l’a remarqué, y compris Cenzo**, qui pourtant ne voit pas plus loin que le bout de sa queue.Je descends ma bière d’une traite et file sous la douche, j’ai besoin d’une bonne nuit de sommeil, bordel, je vais finir par exploser.
En boxer sur mon canapé, je m’allume la télé pour comme toujours, regarder sans voir le programme qui passe. Soudain, mon portable vibre, d’une façon unique et particulière, je sais alors qui fait sonner mon téléphone.
Cette Francesca crie et gémit tellement fort depuis la chambre de mon frère, que je préfère sortir. C’est tout tremblant que je décroche.- Lexie !
- Andrea ?
Je suis doublement surpris de la petite voix qui me répond.
- Orlane ? C’est toi ma puce ?
- Oui !
- Comme je suis content de t’entendre, principessa !
- Moi aussi !
- Il est tard, qu’est-ce que tu fais encore debout ?
- J’ai piqué le téléphone de maman…
- J’ai bien vu !
- Tu me manques Andrea, et tu manques aussi à maman… elle arrête pas de pleurer…
- Maman pleure parce qu’elle a perdu ton papa, c’est normal.
Orlane se met à sangloter au bout du fil, ce qui me brise le cœur plus encore.
- Principessa, ne pleure pas, je n’aime pas t’entendre pleurer.
- Je voulais que tu sois mon nouveau papa, mais tu nous as laissées toi aussi.
C’est une monumentale claque que je prends de la part d’une petite fille de huit ans.
- Orlane ?
Mais elle a raccroché, c’est bien la fille de sa mère, impulsive ! Elles me manquent, toutes les deux, cette vie de merde que je subis depuis mon retour, n’est pas du tout ce que j’espérais.
* Cesca : Diminutif de Francesca
** Enzo ou Cenzo : Diminutif de Vincenzo
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Vendredi 12 Juillet 2019
_Lexie
Mes journées sont toujours beaucoup trop longues, à rallonge même. C’est comme si le temps n'avançait pas, bloqué à cause du chagrin qui me consume.
À mon arrivée, la maison est plongée dans le noir, la voiture de ma nouvelle nounou, Justine, n’est pas là. Je ne m’inquiète pas parce que souvent, elles sortent tard, c’est les vacances, elles en profitent.
Je pousse la porte de la maison en soupirant, bientôt une nouvelle journée finie. Je m’enferme dans ma salle de bain, après cette chaude journée, j’ai besoin de me rafraîchir. Quelques sanglots s’échappent sous l’eau et je me dépêche de sortir.
Je jette un coup d’œil dehors par la fenêtre de ma salle à manger quand je l’entends dans mon dos.- Come stai, tesoro ?
- OH MON DIEU !
Terrifiée, je sursaute, mon cœur bat à mille à l’heure. Je me retourne et découvre sans surprise qui se cache dans mon dos. Andrea est là, avec ses cheveux d’ébène, ses yeux noisette et se sourire ravageur. Quelque chose en moi se passe, les petits papillons dans mon ventre ne trompent personne.
- J’ai failli mourir de peur, bon sang ! Je t’avais dit de ne jamais refaire ça !
Cet imbécile ricane, mais c’est mon imbécile.
- Désolé, c’était beaucoup trop tentant !
Un sourire sur mon visage, je lui saute au cou, il est surpris de ma réaction et manque de se retrouver par terre. Je commence à pleurer pendant qu’il me serre plus fort contre lui. Je m'enivre de son parfum.
- Tu es vraiment la, hein ?
- Je suis vraiment là, gattina !
Ce que ça m’avait manqué ses petits surnoms, son timbre de voix italien, son parfum, lui tout simplement.
Je reste pendue à son cou si longtemps que je commence à avoir une crampe, je le relâche alors.
Nos regards ne trompent personne, il approche avec lenteur ses lèvres des miennes quand la porte de la maison s’ouvre et que ma tornade de fille nous interrompt, juste avant le moment fatal.- Andrea t’es revenu !!
Elle court dans notre direction et s’empare du cou de l’italien comme moi, il y a quelques minutes.
- Bien sûr que je suis revenu, principessa, et je ne pars plus sans vous !
Justine, qui a suivi Orlane, attend dans l’entrée, ma fille lâche Andrea pour lui dire au revoir.
- Je crois qu’on va plus avoir besoin de toi, Justine !
Je manque de m’étouffer, la pauvre nourrice me regarde, désemparée, je reprends le contrôle de la situation.
- Orlane ! À lundi, Justine !
- À lundi ! Passez un bon week-end !
Ma fille est dans un tel état d'excitation, mais en même temps, je la comprends.
- Est-ce que tu vas arrêter d’être triste maintenant, maman ?
- Dis donc, toi, petite grenouille, tu ne devrais pas être au lit ?
- Non, maman, je veux encore rester avec Andrea, s’il te plaît !!
- Principessa, on se verra demain, je ne bouge pas d’ici ! Te lo prometto !
Ma petite blondinette capitule et nous montons la coucher ensemble, comme une famille, et je sais qu’elle est aux anges, ça fait des semaines que je ne l’ai pas vu aussi heureuse, Étoile se couche aussi sur son lit. Dans les escaliers, je sens le regard d’Andrea brûler mon dos. J’ai à peine posé le pied sur le sol du rez-de-chaussée qu’il saisit mon bras avec douceur et détermination, sa bouche trouve la mienne. Mon cœur fait un gros BOOM et s’emballe.
- Je suis vraiment désolée…
- De quoi ?
- De la façon dont je t’ai traité, tu ne le méritais pas… puis tout ce qu'il s'est passé avec Ryan...
Pour seule réponse, un sourire et un baiser.
- Je n’aurais pas dû te laisser partir comme ça… je l’ai regretté.
- Pourquoi tu n’as pas appelé ?
- J’avais peur que tu m’envoies sur les roses, ce qui aurait été normal, je n’en avais pas la force…je me demande si je te mérite vraiment...
- Tu n’es qu’une idiote ! Et je pèse mes mots, tesoro !
Jamais Andrea n'avait était aussi direct avec moi, mais je dois avouer qu’il a raison… j’ai vraiment été une idiote. Je rougis de honte quand il m’oblige à le regarder.
- Tu sais pourquoi je suis revenue ?
Son regard noisette hypnotique me fait rougir de plus belle. Je secoue la tête.
- Non…
- Parce qu’Orlane m’a appelé il y a quelques jours…
- Elle a fait quoi ?
- Ce que tu n’as pas su faire ! Elle pleurait et elle m’a dit une chose qui m’a fait rappliquer sur-le-champ…
Je suis intriguée sur ce qu’a bien pu dire ma fille à Andrea pour qu’il revienne.
- Orlane t’a dit quoi ?
- Qu’elle voulait que je sois son nouveau papa, mais que moi aussi, je vous avais laissé… et ça m’a brisé le cœur.
Les larmes aux yeux par les mots qu’a pu dire ma fille, je le regarde, lui aussi attristé.
- Je t’aime, j’aime Orlane, si tu ne veux pas venir avec moi en Italie, alors je resterai ici, parce que peu importe l’endroit, ma maison, c’est là où vous êtes toutes les deux… amore mio.
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_Andrea
J’ai tout donné sur ce coup-là, mettant mon cœur complètement à nu. Je suis prêt à faire tous les sacrifices pour elles. Lexie reste bouche bée puis commence à s’éloigner de moi, ce qui commence à m’effrayer.
- Dis quelque chose…
- Tu es fou !
La petite brune commence à rigoler, je ne comprends pas pourquoi et reste impassible à sa crise de rire, elle se rend finalement compte de mon état.
- Je suis désolée, c’est nerveux.
Ses deux bras s’accrochent à mon cou et elle me saute dessus, je maintiens ses jambes autour de mon bassin pendant qu’elle parle à mon oreille.
- Je te suivrai au bout du monde, amore mio !
- Ça veut dire que tu veux venir avec moi en Italie ?
- J’ai besoin d’un nouveau départ, Orlane aussi et je ne veux plus jamais être loin de toi, je t’aime !
Je la repose à terre pour l’admirer. Ses pommettes toutes roses, ce regard brillant, ses lèvres pulpeuses, elle est mienne.
- Je ne pensais pas que ce serait si facile de te convaincre… mais ça me va parfaitement, maintenant si tu le permets…
C’est par la petite ceinture rouge de son short que je la ramène vers moi, deux mois sans elle, il faut absolument que je me débarrasse de ma ceinture de chasteté. Sans préavis, c’est sa bouche que je vole en premier, d’un baiser qui se veut expressif et ne laisse aucun doute sur la suite. À petits pas, je la fais reculer, jusqu’à la porte de la chambre, à tâtons, elle finit par l’ouvrir.
- Tu n’es pas fatigué ?
- Deux mois sans toi, amore mio… à entendre toutes les conquêtes de mon frère jouir, j’ai failli devenir fou, la fatigue c’est superflu !
- Toutes les conquêtes de ton frère ?
- On parlera plus tard si tu veux, mais là, je te veux, toute la nuit, tesoro !
Lexie ricane avant de passer aux choses sérieuses. La sensation de sa peau contre la mienne m’électrise, elle est si douce et chaude, ses gémissements de plaisir me font durcir de plus belle, elle est magnifique et elle est à moi.
Je vénère son corps tout entier en y parsemant des baisers de haut en bas, m’attardant entre ses délicieuses cuisses. Ma belle brune me rend la pareille en me léchant et m’aspirant au fond de sa gorge. Alors avant de basculer complètement dans le néant, pris d’une fougue indescriptible, je la saisis par les cheveux et l’oblige à grimper sur le lit avant de la posséder.Samedi 13 juillet 2019
Je me réveille bien plus heureux que ces dernières semaines. Lexie dort encore à côté de moi, je ne peux m'empêcher de la regarder tant elle est belle, et à moi ! C’est un peu présomptueux de ma part de penser ça, mais personne n’ira lire dans ma tête ! À contre cœur, je me lève et tombe sur Orlane en ouvrant la porte.
- Principessa, déjà debout ?
La petite fille se précipite vers moi et m’enlace affectueusement.
- J’avais peur que tu sois parti…
- Non, je te l’ai dit, bambina, je ne pars plus sans vous !
- Mais j’avais peur quand même…
Une légère caresse sur sa petite joue potelée et un baiser sur son front, elle complète parfaitement mon idée du bonheur.
- Et si on allait se faire un petit-déj tous les deux, pendant que maman dort encore ?
- Oh oui !
Nous avons fini de manger quand Lexie apparaît enfin.
- Bonjour les lève-tôt !
Un baiser sur la joue de sa fille, un délicieux sur mes lèvres nous nous dirigeons vers le salon.
- Maman, t’as vu, Andrea est toujours là !
- Oui, chérie, j’ai vu !
Son petit rire fait battre mon cœur plus vite.
- Tu vas vivre avec nous maintenant ?
- En fait ma chérie, et si c’est nous qui allions vivre avec Andrea ?
Orlane paraît surprise et je sais que Lexie fera toujours tout pour sa fille.
- Alors ça veut dire que je verrai plus mes copines, ni tata Juliet, et papy et mamie ?
C’est plutôt mal barré…
- Ma puce, tu sais l’Italie, ce n’est pas à l’autre bout du monde… tu viendras en vacances ici et tu te feras de nouveaux amis là-bas !
Orlane semble réfléchir ce qui fait monter mon angoisse au maximum.
- Et tu seras mon nouveau papa ?
- Principessa, je serais tout ce que tu veux, du moment que tu es heureuse !
- Je vous aime, je veux aller chez toi, Andrea !
- Nous aussi, on t’aime principessa !
Ses petits bras autour de nos cous, nous étions enfin une famille. C’est donc avec l’aval d’une petite fille de huit ans que nous avons commencés notre nouvelle vie tous les trois.
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