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Samedi 13 Avril
Juliet et moi parlons et rions sans nous arrêter, si bien que je n’ai entendu que très peu Andrea ce soir, qui se contente de nous regarder et s’amuse de nous. Il est très tard quand Juliet se lève, titube et s'exclame.
- Je vais vous laisser… faut qu’je rentre !
- Sûrement pas ! Tu es complètement ivre !
- Ça va G.I.Joe, j’ai l’habitude de faire ça !
Si Juliet savait qu’elle parle à un policier, elle ne dirait pas ça, mais je ne peux pas lui dire qui est Andrea, il y a des choses que je dois garder pour moi, je le sais.
- Hors de question ! Il y a une chambre d’ami là-haut, je préfère que tu y passes la nuit et je suis certain que c’est aussi le cas de Lexie.
- Ouais ! Tu ferais mieux de l’écouter ! C’est le plus lucide de nous trois !
Nous explosons de rire toutes les deux, sans raisons aucune, alors que je vois Andrea lever les yeux au ciel.
- Ok ! Mais faudra m’aider…
Andrea se lève et s’approche de Juliet pour lui prendre le bras et ils disparaissent.
- Bonne nuit face d’huître !
- Bonne nuit face de calamar !
Je ris et me lève pour rejoindre mon lit, mais la pièce tourne vachement et je me retrouve par terre sans comprendre. Mon amant italien descend moins de cinq minutes après avoir déposé Juliet et me retrouve avachi au sol.
- Cazzo ! Lexie qu’est-ce qu’il t’a pris de boire autant ?
- Tu es fâché contre moi ?
L’alcool décuplant toutes les émotions, je commence à pleurer.
- Oh Dio ! Ne pleure pas ! Je ne suis pas fâché ! Viens par-là !
Il me soulève dans ses bras et je m’accroche à lui, reniflant dans son cou. Il éteint les lumières, vérifie que la porte est bien fermée et nous amène dans notre chambre. Je suis délicatement posé au sol et ma tête tourne toujours.
- Regarde-toi ! Ne bois plus autant, amore mio, ce n’est vraiment pas bon.
- Je sais ! Je voulais seulement être déconnectée…
Avec des gestes prudents, Andrea retire mes vêtements, je suis en sous-vêtements sous ses yeux noisette.
- Repose-toi, tu en as besoin.
- Et si on baisait encore ?
Je dis ça en plaquant ma main sur ses parties intimes, et sa réaction me surprend, il la retire, de son air mauvais, il me scrute.
- Jamais comme ça, tesoro, on va se coucher.
De son index, Andrea me pousse et je bascule sur le lit, preuve que je ne tiens pas debout. Son corps chaud me rejoint et je me blottis contre lui.
- Je suis tellement bien avec toi Andrea… merci !
- Moi aussi, tesoro !
Je suis sur le point de sombrer dans mon sommeil quand je me souviens tout à coup d’un truc.
- Ryan, il a laissé un autre sac dans mon garage.
- Un sac de quoi ?
- J’sais pas, il en a donné un à cet homme, mais il reste l’autre.
- Ok, dors, on verra demain.
Le sommeil s’empare de moi immédiatement, je refais surface très tard ce matin. La pièce semble encore tourner un peu, c’est avec prudence que je rejoins ma cuisine d’où proviennent les voix de Juliet et Andrea.
- Merci de t’occuper de moi G.I.Joe t’étais pas obligé.
- Ce n’est rien ! Ça me fait plaisir.
- Merci de rendre heureuse Lexie, je crois que je ne l’ai jamais vu comme ça…
- Elle le mérite !
Je décide d’apparaître et de faire cesser cette effusion de bonheur.
- Buongiorno amore mio !
- Salut face de poulpe !
Un simple signe avec ma main pour les saluer, je ne me sens pas encore là force de parler. Andrea embrasse ma tempe et je m’installe sur une chaise dans ma salle à manger.
- Elle a pas l’habitude de boire autant, je pense que la journée va être longue !
Juliet se moque de moi, mais elle a raison, la journée va être longue.
Dimanche 14 AvrilIl est plutôt tard quand j’entends Andrea grogner au téléphone puis pester tout seul dans sa langue natale. Je jette un coup d’œil au réveil et découvre avec horreur qu’il est déjà 11h. Le lit bouge alors que le brun se lève rapidement.
- Qu’est-ce que tu fais ?
Andrea se rend dans la salle de bain sans répondre à ma question. Je me demande ce qu’il lui arrive et décide de me lever.
- Amore ! Qu’est-ce que tu fais ?
Andrea semble sortir de son mode « pilote automatique » et pose son regard sur moi avant de m’embrasser doucement.
- Je dois y aller… c’est le boulot.
- Oh ! C’est grave ?
- On a trouvé un cadavre dans le parc de San Myshuno.
- Oh mon dieu.
- Je vais essayer de ne pas traîner et de rentrer au plus vite.
Il dépose un baiser sur ma tempe et me regarde l’air très sérieux.
- Nous n'avons pas vraiment eu l’occasion de parler tous les deux, nous devrions le faire. À plus tard !
Je n’ai pas le temps de répondre qu’il a déjà filé. C’est vrai que depuis vendredi nous n’avons pu discuter, entre Juliet et la phénoménale cuite que j’ai prise, je n’avais pas vraiment l’envie de parler. Ryuk quémande pour sortir et c’est le pas lent que je lui ouvre l’accès au jardin.
Je consacre ma journée aux tâches ingrates requises pour tenir une maison, jetant des regards à mon portable toutes les vingt minutes. Andrea n’a toujours pas donné de nouvelles, je ne sais pas quand il rentrera et je dois avouer que je n’ai pas envie de me retrouver face à Ryan une fois encore. Seulement plus le temps passe, et plus je me dis qu’il va falloir que je sois forte, parce qu’à peine ai-je fini de me préparer que la sonnette de notre demeure tinte.
J’ouvre la porte et deux têtes blondes me sourient. Orlane se jette à mon cou pendant que Ryan en profite pour entrer derrière elle.- Mamma !!
- Oh mon poussin, tu m’as manqué !
- Toi aussi maman ! On est allé au zoo avec papa et Olivia ! C’était trop bien !
- Super ! Tu t’es bien amusé alors !
- Oh oui !
Le grand blond imposant dans mon entrée pose sur moi ses deux yeux fourbes et je déglutis.
- Bonjour Lexie ! Orlane, ma puce, tu vas dans ta chambre, papa doit discuter avec maman.
- D’accord ! Au revoir papa !
Elle l’embrasse affectueusement avant de lui obéir, me laissant seule avec lui.
- Tu es plus belle de jour en jour, il y a longtemps que je ne t’avais pas vu comme ça…
- Peut-être que si tu m’avais accordé un peu plus d’importance, j’aurais eu plus confiance en moi… j’aurais peut-être eu envie d’être belle pour moi, ou pour toi, mais tu sais très bien que ça n’a jamais été le cas…
Deux pas en avant, je recule. Il sourit.
- Pourquoi essaies-tu de t’échapper, tu sais très bien que si je le veux, je peux…
Sans finir sa phrase, il m’empoigne et me colle contre le miroir, la morsure du froid dans mon dos fait courir sur ma peau un frisson, je suis captive de ses bras.
- … t’attraper.
- Orlane est là-haut, je sais que tu ne feras rien d’idiot… pour une fois.
- C’est un défi que tu me lances ?
- Non, Ryan, arrête maintenant. Pourquoi tu fais ça ?
- Parce que tu es la première Lexie, tu seras toujours la première, je me plais à me dire que tu m'appartiens toujours.
- Et bien non, tu ne peux plus faire ça, je ne suis plus à toi aujourd’hui, pense à Orlane, tu as toujours été un bon père pour elle, as-tu envie qu’elle voit en toi cet être abject que tu deviens ?
Ryan se contente de me dévisager, il ne dit rien.
- Est-ce que tu as parlé de ce qu’il s’est passé le week-end dernier ?
- Non.
Je mens, mais c’est la meilleure chose à faire.
- C’est mieux comme ça...
- Tu dis ça pour toi… ce psychopathe aurait pu faire du mal à Orlane… et toi… pourquoi es-tu devenu comme ça ? Je ne te reconnais pas Ryan.
- Pardonne-moi douce Lexie… je me suis laissé emporter par la chose… il faut dire que tu es si jolie… tu sais que tu auras toujours une place dans mon cœur…
- Tu n’es qu’un menteur…
Je ne comprends pas ce qu’il se passe, et pourtant, je sais. Je sais très bien comment est Ryan, je sais ce qu’il m’a fait, je sais à quel point c’est un beau parleur, mais une petite partie de moi est toujours cette adolescente, j’ose à peine lui donner raison, mais cette infime partie de moi le désire et ça me répugne.
Sa main trouve mon menton et il m’oblige à le regarder.- Ose me dire que…
Ryan se rapproche de moi.
- … Tu ne ressens rien…
Plus encore.
- … Quand je fais ça…
Il m’embrasse et l’infime partie de moi que je déteste lui répond avant que tous mes sens se mettent en alerte.
Tout s’enchaîne en quelques secondes, j’entends les pas d’Orlane dans l’escalier, la porte s’ouvrir en même temps, aussitôt, je repousse Ryan, mais trop tard.
Andrea lance un regard agressif à Ryan, mais la douleur que j’y lis quand c’est moi qu’il dévisage, me fait pâlir de honte. Mon cœur bat à vive allure, mes joues me brûlent, ma fille est dans les escaliers, elle parle, mais je suis trop mal à l’aise pour écouter.
Consumée par les remords, je m’enfuis en courant loin de cette maison, loin de leurs regards.- Lexie, où tu vas ?
Je n’ai pas la force de répondre à Andrea, alors je continue de courir, plus vite, plus loin, jusqu’à repousser mes limites. Les larmes dévorent la fine peau de mon visage, mais je mérite de souffrir pour mes bêtises, je n’ai aucune excuse pour ce que j’ai fait.
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Dimanche 14 Avril
_Andrea
Je viens de quitter Matthew et Alexander, fatigué de ma journée. Je me demande encore ce qu’il a bien pu se passer dans ce parc, qui a pu abattre Blake Morningstar, l’alpha des Sharks ? En tout cas, qui que ce soit, il n’est pas reparti sans un petit souvenir, au vu du sang qu’on a retrouvé non loin.
Encore un voyou de moins à coffrer dans l’affaire “Bennett”, ce n’est pas pour me déplaire, même si retrouver des cadavres dans les parcs un beau dimanche d’avril n’est pas non plus une promenade de santé. Personne n’imagine à quel point l’odeur sur une scène de crime est abject.
À mon arrivée, la voiture de Bennett est déjà là, pas depuis très longtemps, j’espère, car un mauvais pressentiment me parcourt l’échine. Décidé à ne pas me laisser entraîner par ce dernier, je m’avance d’un pas sûr jusqu’à la porte que j’ouvre comme d’ordinaire. Quelle n’est pas ma surprise de tomber sur Bennett posant sa bouche sur Lexie qui le repousse, à mon goût, bien trop tard. Orlane arrive aussi dans les escaliers.- Papa, t’es encore là ?
Je voudrais tuer cet enfoiré sur le champ, mais plus encore, je voudrais secouer Lexie, je ne comprends pas ce qu’elle fait. Sa peau devient toute rouge, les larmes aux bords des yeux. Contre toute attente, elle s’échappe à toute allure.
- Lexie, où tu vas ?
Mais elle ne répond rien et court dans une direction inconnue. Je ne me sens pas de la rattraper, pas maintenant.
- Torna nella tua camera, principessa, per favore !
Orlane m’écoute sans discuter. Ryan me regarde en chiens de faïence.
- Je l’avais dit, prête à écarter les cuisses devant le premier joli cœur qui passe !
Hors de question que je perde mon sang-froid comme vendredi, je ne vais pas me laisser avoir à son petit jeu.
- Sortez d’ici maintenant.
Son sourire satisfait sur les lèvres, il s’avance vers la porte quand je choppe le col de sa chemise.
- Il me semble vous avoir dit vendredi de ne plus l’approcher ? Si vous ne voulez pas vous retrouver en face de la faucheuse, vous feriez mieux de m’écouter.
Bennett semble m’analyser alors que je lâche son col et défroisse le tissu de sa chemise.
- Sur ceci, passez une bonne soirée monsieur Bennett.
Je prends mon téléphone et appelle Lexie, mais j’entends la sonnerie résonner dans sa cuisine, c’est Juliet que j’appelle alors.
- Salut G.I.Joe ! Qué pasa ?
- Bonjour Juliet ! Ça, c’est de l’espagnol !
- Du pareil au même pour moi !
Mon ego italien est blessé par sa remarque.
- Lexie est avec toi ?
- Ah ça non mon chou, pourquoi ? Elle n’est pas à la maison ?
- Elle est sortie, mais elle n’a pas pris son téléphone.
- Sortie ? On parle de Lexie là, elle ne sort pas sans raison ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Trois fois rien, un petit… différend avec Bennett, mais si elle n’est pas chez toi, elle ne doit pas être partie bien loin.
- Je vais me le faire ce fils de chien.
- Est-ce que ça t'ennuierait de venir veiller sur Orlane le temps que je parte à sa recherche ?
- Pas de soucis ! J’arrive !
Même pas le temps de la remercier qu’elle me raccroche au nez. Je monte dans la chambre d’Orlane, elle est en train de jouer.
- Principessa !
- Il est partit papa ?
- Si !
- Et maman, elle est où ?
- Non lo so, bambina… Je vais aller la chercher, Juliet va venir te garder !
Quelques minutes plus tard, la jeune fille pétillante apparaît dans la maison, pas coiffée, pas maquillée, pas habillée.
- Ne me regarde pas comme ça, on est dimanche, tu m’as un peu prise au dépourvu. C’est quel genre de différend ?
J’hésite à le lui dire, ça ne la regarde pas vraiment, mais elle me scrute avec ses yeux qui ne vont pas me lâcher une seconde.
- Le genre où je l’ai surprise en train de l’embrasser.
- Attends, on parle de Lexie là ? Elle est bien avec toi, pourquoi elle ferait ça ?
- Je pense que Bennett, aime jouer avec ses sentiments… tout simplement…
- Enfin, ça n’excuse pas tout, va chercher cette idiote de Lexie que je puisse lui remonter les bretelles.
- Je pense qu’elle s’en veut bien assez déjà, en tout cas, je l’espère.
Il commence à faire nuit quand je sors de la maison et vais dans la direction qu’elle a prise tout à l’heure. Je marche, des heures durant, j’appelle Juliet pour lui demander si Lexie n’est finalement pas rentrée à la maison, mais toujours pas. C’est le cœur serré que je continue de la traquer. J’ai fait le tour de la ville, il est 22h passé, je reviens sur mes pas et descends non loin de la maison, peu à peu le lac se dessine devant mes yeux. Le sol craque doucement sous mes pas, sa silhouette fine se terre devant l’eau.
- C’est donc là que tu te cachais ?
Lexie sursaute de peur, son regard se pose sur moi, ses larmes coulent encore.
- Tu sais que je commençais à m’inquiéter, j’ai failli lancer l’alerte enlèvement. Pourquoi tu n’es pas rentré ?
Elle ne veut toujours pas me répondre et se contente de me dévisager. J’avance doucement vers elle, jusqu’à la prendre dans mes bras, où elle explose.
- Je te demande pardon… ne me laisse pas, s’il te plaît, je ne veux pas vivre sans toi. Pardon…
- Pourquoi l'as-tu laissé t’embrasser ? Je ne comprends pas ce que tu fais ?
- Je n’en sais rien, il était là à me parler du passé… et l’adolescente en moi, elle craque toujours pour lui quand il redevient celui d’avant. C’est horrible ce que je dis, je ne veux pas ressentir ça, mais Ryan je le connais depuis si longtemps…
- Tu l’aimes ?
- Non, je t’assure qu’il ne compte plus pour moi, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, je regrette tellement.
Je relâche le corps tremblant de Lexie qui évite mon regard à tout prix.
- Je te demande pardon Andrea, je ne veux pas te faire de mal, tu ne le mérites pas.
- Tu sais qu’il joue avec toi, n’est-ce pas ? C’est toi qui me l’as dit, Ryan siffle comme un serpent.
- Je regrette sincèrement…
Avec douceur, je m’empare de sa bouche, je veux effacer le souvenir de son ex sur elle, je veux la marquer, la posséder, même si je sais que Lexie est une femme, pas une chose.
- Ne recommence plus jamais.
- Je te le promets. Je te demande pardon, sincèrement.
- Pourquoi tu n’es pas rentré ? Ça fait des heures que je te cherche.
- J’ai tellement honte, je ne pouvais pas affronter ton regard, dire que je t’ai fait une scène en découvrant cette photo… et aujourd’hui c’est moi qui fais n’importe quoi. Comment tu pourrais ne pas avoir envie de partir ?
- Ton comportement est inexcusable, mais je ne veux pas passer à côté de quelque chose de beau avec toi, uniquement parce que ce coglione s’amuse de toi. Mais ne recommence plus jamais, tiens-toi loin de lui parce que je ne suis pas prêt à pardonner toutes tes erreurs amore mio.
Je veux bien être indulgent, je sais comment elle a vécu, je sais qu’elle est perdue, mais il est hors de question qu’elle me prenne pour un idiot.
- Rentrons, il se fait tard.
Lexie hoche la tête et me suit jusqu’à la maison, sur le chemin, elle sèche ses larmes et renifle. Nous marchons chacun de notre côté et arrivons enfin.
- Tu as appelé Juliet ?
- Il fallait qu’elle vienne surveiller Orlane, je te l’ai dit, ça fait des heures que je te cherche.
Le ton un peu sec de ma remarque l’a fait tressaillir et elle continue d’avancer.
- Ah, vous êtes enfin là !
- Je vous laisse, il faut que j’aille me coucher.
Éreinté de la journée, autant physique que psychologique, je veux juste dormir.
- Tu ne manges pas ?
- Je n’ai pas faim. Bonne nuit.
Je prends une rapide douche avant de m’enfermer et de me jeter sur le lit. La solitude me fait ruminer sans cesse et je revois encore leur baiser tourner en boucle dans ma tête.
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_Lexie
Je connais ce regard de ma meilleure amie, elle est prête à me voler dans les plumes et je sais qu’elle a raison.
- Alors, tu veux bien m’expliquer ?
- Ryan m’a embrassé… Et moi, je l’ai laissé faire.
- Mais enfin Lexie qu’est-ce qu’il ne tourne pas rond chez toi ?
Je me pose la même question, vidée, je n’ai plus de larmes à faire couler, ce qui serait inutile de toute façon.
- Je croyais que tu aimais Andrea ?
- C’est le cas… je n’ai aucune excuse.
- Putain Lexie, il t’a trompé, il est avec une autre femme qu’il va épouser et il te fait encore du rentre-dedans. Tu vois bien qu’il n’est pas net ce mec. Il s’amuse de toi, parce qu’il ne veut certainement pas que tu sois heureuse toi aussi, briser ta vie et ton couple, c’est tout ce qui l’importe. Ouvre les yeux s’il te plaît.
- Je sais Juliet, je sais que Ryan n’est pas bon, je ne sais pas pourquoi je l’ai laissé faire, pourquoi j’ai répondu à son baiser… Andrea est fâché maintenant…
- Ben, il a de quoi… et encore franchement t’es de la chance qu’il soit si parfait, plus d’un t’aurais dit « ciao ».
- Je sais…
- Laisse le digérer un peu, il est fou de toi, ne t’inquiète pas ma belle !
- Tu crois ?
- Bien sûr ça crève les yeux ! Allez, je rentre moi, il est tard. À plus ma bichette.
- Merci Juliet, à plus.
Elle part me laissant seule, la maison est calme, pas un bruit ne vient troubler les remords qui me rongent. J’espère qu’une douche chaude me lavera de mes péchés, mais force est de constater que ce n’est pas le cas, je rejoins ma chambre sans manger non plus.
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Dimanche 14 Avril
À la respiration d’Andrea, il est facile de deviner qu’il ne dort toujours pas. Lui d’un côté du lit, moi de l’autre, à ruminer, mais aucun de nous n’engage de conversation, aucun de nous ne s’approche de l’autre. L’ambiance est pesante jusqu’à ce qu’il s’empare de mon corps menu et épuisé, me faisant soupirer de bien-être.
- Je n’arrive pas à trouver le sommeil pourtant, je suis fatigué…
- C’est de ma faute…
- Oui…
Une dague, fine et bien aiguisée se plante dans ce qu’il reste de mon coeur meurtri.
- C’est parce que tu n’étais pas dans le lit, j’aime t’avoir près de moi.
Malgré tout, je souris, il essaie d’être gentil avec moi, mais je sais, que je l’ai blessé.
- Ce matin, tu voulais parler, de quoi ?
- Tu veux discuter maintenant ?
- Tu ne dors pas, moi non plus.
J’allume la petite lumière avant de m’asseoir en tailleur.
- Alors dis-moi. De quoi tu voulais parler ?
- Comment tu as su ? Pour moi ?
- L’homme à la capuche, il me l’a dit après avoir assommé Ryan.
La mâchoire du brun se contracte à l’évocation de mon ex-compagnon.
- Je suis surpris par le calme dont tu fais preuve, tu aurais pu m’en vouloir d’avoir menti…
- La vie est trop courte pour ça… et puis tu n’es pas un tueur à gage, je m’estime heureuse.
Un rire résonne dans la pièce et j’aime beaucoup ça.
- Tu vas arrêter Ryan ?
- Je ne suis pas censé le dire, mais pas seulement lui, on veut coffrer tous les gros poissons qui gravitent autour de lui.
- Je ne dirais rien, promis… par contre, qui est-ce que je paye alors puisque tu n’es pas nounou ?
- Personne, l’argent que tu donnes te sera rendu à la fin de ma mission.
- Oh ! Je pourrais me payer un sacré voyage avec ça !
- Tu pourras !
- Est-ce que je t’ai dit que Ryan avait laissé un sac dans le garage ?
- Oui, tu l’as fait, j’ai été jeté un œil et je te conseillerais de ne pas y toucher ! Je te conseillerai de ne plus t’approcher de trop près de Bennett non plus, et je ne dis pas ça pour ce qui est arrivé tout à l’heure, mais parce que je n’ai pas envie que tu sois impliquée dans ses histoires tordues. C’est bien clair ?
- Très.
Intimidée par sa voix presque autoritaire, je me fais toute petite et détourne les yeux. C’est peut-être ma paranoïa qui parle, mais cette sensation de distance entre nous me pèse.
- Dormons maintenant, je suis vraiment fatigué.
Pas de petit surnom affectif, par de caresses, pas d’œillades amoureuses, pas de tendresse, je paye pour mes erreurs. L’ayant méritée, je ne peux que prendre mon mal en patience. Nous reprenons notre position d’il y a quelques instants, je m’accroche à ses bras et bercée par la chaleur de son corps, je m’endors.
Jeudi 18 Avril
Cela fait maintenant une journée que ma fille revit sans son plâtre, il faut encore qu’elle fasse attention, qu’elle se remuscle, mais heureusement elle a bien guéri. Elle est toute contente de montrer à Andrea son bras “tout neuf” !
Juliet a dit qu’il avait besoin de temps pour digérer, mais elle n’a pas dit de combien… et je désespère qu’il me pardonne un jour quand je vois son attitude à mon égard. Ce soir encore ne déroge pas à la règle. Andrea prend une douche pendant que je couche Orlane, puis c’est à mon tour et quand j’en sors, il est sur le canapé devant la télé, je le rejoins, mais il n’y a plus ce petit truc entre nous.
Dans mon ensemble satiné, j’espère jouer les aguicheuses et m’installe à sa droite. Mes jambes douces et lisses se glissent sur les siennes, mes doigts se faufilent sur son torse. La bosse qui se profile sous son pantalon me laisse deviner qu’il est réceptif à mon contact jusqu’à ce qu’il retire ma main.- Arrête-toi s’il te plaît.
Pas démontée pour un sous, je m’installe à califourchon sur lui.
- Je suis toute à toi ! Et je constate que je ne te laisse pas indifférent !
M’approchant de ses lèvres pour le dévorer d’un baiser, il me fait reculer.
- Tu es toute à moi ?
- Oui !
- Pourtant, il a quelques jours, ta bouche n'était plus à moi. Mon corps te désire peut-être, mais ce n’est pas le cas de ma tête. Et crois-moi si je te prends comme ça, tu risques de ne pas aimer.
Choquée de découvrir cette image d’Andrea, je ne réponds rien et me relève.
- Pardon.
Je me sauve dans la chambre, je mérite ses mots, même s’ils sont blessants. Je ne pleure pas, parce qu’il est clair que je suis en tort, donc j’accepte. Me saisissant du livre dans ma table de chevet, je m’installe. Andrea rejoint la chambre bien plus tard et s'endort de son côté.
Vendredi 19 Avril
Le sac d’Orlane est bouclé, je descends ses affaires. Andrea est dans notre jardin avec son chien, il est clair qu’il n’a pas envie de me parler, ni de s’occuper de Ryan.
- Orlane, dépêche-toi, ton père vient d’arriver, va dire au revoir à Andrea.
- Oui, maman ! Arrête de crier !
- Ne me réponds pas ! Dépêche-toi.
Son barda entre les mains, je sors et surprends mon ex qui descend de sa voiture.
- Salut jolie Lexie !
- Oh la ferme. Tu n’entres plus chez moi, à partir de maintenant tu attends Orlane dehors, le dimanche, tu la déposes et tu t’en vas.
- C’est que tu ferais presque peur quand tu t’énerves ! Ton italien n’est pas là ?
- Olivia serait vraiment surprise de ton double-jeu, j’imagine ?
- Je te trompais avec elle, tu penses vraiment qu’elle va te croire si tu t’amuses à lui dire ça ?
Son rire mauvais résonne et m’échauffe les pommettes de colère.
- Tu es vraiment le mal en personne, Ryan, je me demande ce qu’est devenu l’homme attentionné que tu étais avant.
- On n’avance pas dans la vie en étant gentil et attentionné beauté. Salut ma petite grenouille !
Son changement d’attitude à la vue de notre fille me fait un drôle d’effet. C’est comme s’il était deux personnes différentes.
- À dimanche maman ! Je t’aime !
- Je t’aime aussi ma puce ! À dimanche !
Un baiser envoyé avec ma main qu’elle rattrape, puis je rentre à la maison, je découvre mon nouveau colocataire derrière la fenêtre de la salle à manger.
- Tu vas me surveiller maintenant ?
L’animosité dans ma voix lui fait lever un sourcil, sur les nerfs, je monte prendre un bain, je crois que j’ai besoin de me détendre. Tandis que l’eau coule, je prends mon téléphone et appelle Juliet.
- Salut la moche !
- Salut !
- Oulà, toi ça va pas !
- Non, Andrea me manque…
- Il est parti ?
- Non, il est toujours là, mais franchement, c’est tout comme…
- Aie, en même temps, c’est un Italien, ils sont très fiers ! Il a sans doute encore besoin d’un peu de temps, tu peux bien le lui accorder, je te rappelle que c’est toi qui as merdé.
- Je sais Juliet et je le regrette vraiment, Ryan est vraiment aliéné… je me demande comment j’ai pu rester avec lui aussi longtemps.
Je mets le haut-parleur au moment où je pose mon téléphone pour me déshabiller, m’obligeant à parler beaucoup plus fort.
- Heureuse de te l’entendre dire ! Du coup, tu lui as toujours pas dit à ton G.I.Joe que t’étais folle amoureuse de lui ?
- Non, c’est pas vraiment le moment, j’ai pas envie qu’il me prenne en pitié, mais il me manque, cette situation me met à cran !
- Ça ma poule, c’est parce que t’as pas baisé depuis une semaine !
- C’est bien possible, même si c’est plus un tout ! Je me suis fait couler un bain, je compte sur lui pour me détendre !
- Dans toute l’histoire, les seules fois où un bain à détendu une femme, c’est parce qu’elle utilisait un vibro, le pommeau de douche ou ses doigts, tu vas choisir quelle technique ?
- Mon dieu, Juliet, je ne suis pas aussi désespérée !
J’entre doucement dans l’eau chaude, les suggestions de ma meilleure amie flottent quand même au-dessus de ma tête.
- Oh, ça va, fait pas ta prude, je te rappelle que je t’ai entendu t’envoyer en l’air avec ton italien, et t’avais plutôt l’air de prendre ton pied ! Fais-moi confiance, rien ne vaut une bonne petite séance de relaxation maison, on est jamais mieux servi que par soi-même !
- Si tu le permets, je vais lui montrer une méthode italienne !
La voix grave d’Andrea me fait sursauter, Juliet ne dit plus un mot à l’autre bout du fil et l’italien se déshabille avant de plonger une jambe dans l’eau.
- Cazzo, c’est brûlant, pourquoi vous prenez toujours des bains aussi bouillants ?
- Euh… Juliet, t’es toujours là !?
- C’est G.I.Joe qui vient d’entrer dans ton bain ?
- Oui !
- Tu me raconteras si la méthode italienne est fiable !
Juliet ricane avant de raccrocher, je rougis devant l’embarras qu’elle m’a causé avec ses propos. Mon amant italien s’assoit en face de moi et fait monter le niveau de l’eau qui se déverse dans le trop-plein. Je peux deviner qu’il n’est pas à son aise avec la température de l’eau.
- Tu veux que je mette un peu d’eau froide ?
- Un po’, per favore ! J’avais oublié que vous pensiez être des homards !
Je pouffe, même si je sais qu’en disant “vous”, il parle de sa femme, enfin son ex-femme, et ça ne me blesse pas, au contraire, j’aime quand il parle avec moi.
L’eau froide coule et tiédit doucement notre bain, ce qui décrispe un peu Andrea qui veille à ce que la température ne soit pas trop froide pour moi. Je respire à nouveau de le retrouver.
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Vendredi 19 Avril
Le bruit de l’eau vient briser le silence de la petite pièce. Son regard brûle ma peau, mais je n’ose pas le croiser et continue de jouer avec l’eau du bain.
Andrea allonge ses jambes de chaque côté de mon corps, me chatouillant au passage. Prise d’une audace soudaine, une question s’échappe de ma bouche.- Est-ce que tu es resté longtemps avec Sienna ?
On peut dire qu’il est surpris d’entendre ma voix pour lui demander ceci.
- À peu près sept ans, pourquoi ?
- Comme ça… tu ne parles jamais de toi, de ta famille. Je sais juste que ton père est mort et que ta mère vit en Italie, mais pas plus.
- Déformation professionnelle ! Mais je suis le centre d’une fratrie, mon plus grand frère, Giovanni est marié, mais n’a pas encore d’enfants et mon petit frère, Vincenzo est un coureur de jupon ce qui exaspère profondément notre mère.
- Tu as donc des frères !
S’ils sont aussi charmants qu’Andrea, j’imagine très bien la fratrie que ce doit être.
- Une leucémie a emporté notre jeune sœur, Stella, à l’âge de dix ans… alors quand on a eu Chiara, ma mère était aux anges…
- Oh ! Je suis désolée…
- Assez parler, vient par là !
Je devine qu’il n’a pas envie de se rappeler ses douloureux souvenirs, aussi, il me rapproche contre lui. Ma peau frissonne, heureuse de retrouver le contact de ses mains qui lui avait tant manqué.
- Tu es bien trop loin de moi, gattina ! Tourne toi !
Il m’appelle de nouveau « chaton », est-ce que ça veut dire qu’il me pardonne enfin ? En tout cas, je ne me fais pas prier pour m’exécuter. Mes jambes sont hors de l’eau, je suis contre le torse d’Andrea et le silence règne de nouveau, j’ai tant de questions à lui poser, mais je sais qu’il n’a probablement pas envie d’y répondre. Les doigts de l’italien se glissent sous mon menton, m’obligeant à le regarder.
- Demande-moi ce que tu veux savoir !
- Non… je n’ai pas envie que tu sois triste, à cause de moi, une fois encore…
- Pose tes questions, gattina, je vois bien que ton enquête n’est pas terminée, et je suis le mieux placé pour savoir à quel point c’est frustrant !
Ce n’est pas faux, je rigole, mais prends tout de même mon temps pour parler.
- Est-ce que vous étiez mariés ?
- Si ! On s’est mariés dès qu’elle a été majeure, en secret, ça a rendu ma mère folle de rage ! Tu connais les mamma italiennes, elles sont très proches de leurs enfants ! Mais heureusement, elle adorait Sienna, elle n’a pas été fâchée bien longtemps.
Je ris tout en déglutissant. Incapable de savoir quel état d’esprit s’empare de moi à cet instant, je renchéris avec une autre question.
- Et comment était elle ?
Dans ses songes, Andrea répond avec une telle spontanéité que je peux deviner son amour dans sa voix.
- Elle était rayonnante, très bornée, elle savait ce qu’elle voulait. Et surtout, elle faisait souvent l’idiote !
Tout ce que je ne suis pas en somme. Je me demande alors ce qu’il trouve attirant chez moi. Même dans mon dos, il s’aperçoit de mon embarras.
- Tu sais que tu n’es pas en compétition avec Sienna, tesoro ?
Heureusement, car il est clair que je perdrais cette bataille, puisqu’il aime toujours sa défunte épouse. Est-ce que je peux lui en vouloir ? Non. Je suis peinée pour lui.
- Je sais !
Andrea dépose un doux baiser sur mon front. Maintenant, je veux savoir pourquoi il se retrouve à barboter avec moi.
- Tu es toujours fâché ?
- Je suis toujours peiné, mais pas fâché…
- Oh…
- En fait, dimanche tu as dis que la vie était trop courte pour les conflits sans intérêts… et tu as raison, moi plus que quiconque je le sais… puis Orlane m’a convaincu d’arrêter cette mascarade.
Très déconcertée par sa révélation, je le coupe.
- Comment ça Orlane ?
- Avant de partir, elle a dit et je cite « maman est très en colère et toi, tu es très triste, si vous êtes fâchés ça me fait de la peine », tesoro, on peut avoir un différend tous les deux, mais je ne veux jamais qu’Orlane en souffre. Alors oui, je préfère ravaler ma fierté.
Ma petite princesse voit beaucoup de choses à son âge, elle fait preuve d’une grande maturité et quand je vois le comportement d’Andrea à son égard, je me dis qu’il serait un super papa.
Je me retourne doucement pour trouver ses lèvres, douces et sucrées. Son baiser est ardent, impatient, si bien que d’un seul coup, c’est Andrea qui se retrouve au-dessus de moi.- Si on sortait, l’eau refroidie et faire ça dans un bain y’a que dans les fictions que c’est possible, c’est très inconfortable !
J’éclate de rire en me levant et sortant. Je me sèche rapidement avant de m’enrouler dans une serviette.
Mon amant prend les devants et commence à descendre, je le suis et retrouve son corps musclé au bord du lit.
Affamée, je l’embrasse puis fais glisser ma serviette. Andrea fait de même et s’empare de mes fesses avant de déposer quelques baisers sur mes côtes, sa barbe me chatouille, m’extirpant un petit rire puis m’oblige à grimper sur le lit avec lui.
Mes jambes enroulées autour de son bassin, ses lèvres butinent ma poitrine, ses mains soutiennent mon dos alors que je savoure le plaisir d’être dans ses bras.- Bellissima !
Je me redresse vivement et trouve sa bouche, notre baiser passionné accroît notre désir l’un de l’autre. Dans ma fougue, j’exprime à haute voix mes sentiments.
- Je t’aime, tellement Andrea…
Son petit sourire conquis, il ne répond pas, mais se contente de m’allonger. Nos doigts entrelacés, nos langues mêlées, je vibre de satisfaction. Ses lèvres glissent dans ma nuque alors que ses doigts maintiennent fermement mon poignet, je sais que je suis prête, je roule des hanches contre lui.
- Ti voglio, amore mio !
- Vas-y, s’il te plaît…
Je suis à cran, Andrea glisse en moi avec beaucoup de tendresse et d’amour. Mes gémissements montent de volume d’instant en instant jusqu’à ce qu’un cri aigu me brûle les oreilles et oblige Andrea à jouir à l’intérieur de moi.
Essoufflés, transpirants, je me retrouve allongée sur le côté, mes mouchoirs entre les cuisses, les mains brûlantes de mon italien me cajolent, sa bouche au creux de mon oreille me chuchote :- Ti amo, amore mio !
- Je t’aime !
Un sourire idiot sur mes lèvres, je l’embrasse avant de me lever. À mon retour, il a enfilé un boxer, je me glisse dans un peignoir et m’assois sur le lit. Andrea s’installe sur mes jambes, il frôle ma pommette de ses doigts tout en souriant.
- Ça fait longtemps que tu habites ici ?
- Bientôt 3 ans que je suis revenu.
- L’Italie ne te manque pas ?
- Si, amore…
_________________________
_Andrea
J’ai dû m’assoupir, puisque je me réveille sur le lit, seul. J’enfile un pantalon avant de partir à la recherche de ma brunette.
Je ne sais pas ce qu’il m’arrive, mais je veux encore la faire mienne, dans tous les coins de la maison s’il le faut.
En ouvrant la porte, l’odeur de nourriture me fait saliver, je la suis jusque dans la cuisine où j’y trouve Lexie dans un peignoir satiné, en train de… faire des boulettes ?- Tu cuisines italien, tesoro ?
Elle sursaute à ma question ce qui me fait ricaner.
- Oh mon dieu, tu m’as fait peur ! Oui, tu as dit que l’Italie te manquait alors…
Je n’ai toujours pas trouvé le courage de lui parler de ma mutation… pourtant, il faudrait vraiment que je le lui dise, mais je ne sais pas comment amener la chose. Sa petite moue, ses yeux de biche, cette bouche… C’est officiel, elle va me faire perdre la raison. Je la soulève et la pose sur l’îlot.
- Qu’est-ce que tu fais ? Ça va cramer !
Elle est amusée de mon comportement, je la regarde intensément, mais aucun Italien ne peut laisser un plat aussi bon partir en fumée.
- Tu as raison, restes là.
Lexie me regarde et ne bouge pas d’un cil pendant que je coupe le feu.
- Tu ne peux pas cuisiner italien dans cette tenue, tout en pensant qu’il ne va rien t’arriver, regarde-toi comme tu es bellissima…
Ma partenaire s’esclaffe, son rire si doux fait battre mon cœur deux fois plus vite, je lui vole alors un baiser et passe mes mains sous son peignoir, qui cache à peine ses formes généreuses. Elle frissonne sous mes doigts et emprisonne mes hanches de ses jambes.
- Vilaine tentatrice !
- Oh oui, je suis vraiment méchante, Monsieur l'Agent ! Passez-moi les menottes !
A sa phrase, je manque de m’étouffer, ce n’est pas dans les habitudes de Lexie d'être aussi directive, mais quand elle l’est, ça m’excite davantage. Si elle veut jouer, jouons !
- Vous me paraissez dangereuse, il va falloir que je procède à une fouille au corps !
Lexie glousse, elle est perdue entre plaisanterie et plaisir et je suis aussi amusé qu’elle. Je fais glisser avec délicatesse le tissu soyeux, le long de ses bras, trop concentré sur son regard charnel, c’est avec surprise que je découvre qu’il n’y a rien de plus à lui enlever.
- Pas de culotte ? Vous savez que vous risquez gros ?
- Je vous l’ai dit, je suis une méchante fille !
- Vous ne niez pas les faits ? Bien, dans ce cas…
Avec fermeté, je fais descendre ma belle et maintiens solidement ses poignets dans le dos tout en nous avançant vers la table. Brusquement, je la bascule contre cette dernière.
- Vous êtes en état d’arrestation pour infraction au code vestimentaire mademoiselle, tout ce que vous direz pourra et sera retenu contre vous.
- Pitié Monsieur l’Agent, on va bien pouvoir trouver un arrangement ?
- Vous pensez que je suis si facilement corruptible ?
- Totalement !
Elle roule des hanches comme mon sexe, cette petite coquine va avoir raison de moi. Je la relâche doucement puis elle se retourne afin de m’embrasser.
- Ne me faites pas trop attendre, Monsieur l'Agent ! J’ai des boulettes à terminer !
Sourire aux lèvres, je la dévore des yeux et je sais exactement ce qu’il m’arrive, je l’aime et je suis fou de cette femme plus que jamais.
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Mercredi 24 Avril
Ma vie commence enfin à devenir tranquille, me réveiller avec Andrea chaque matin et me coucher avec lui chaque soir, est un bonheur. Ce matin ne déroge pas à la règle.
Sur un petit nuage, ses baisers et ses caresses me donnent envie de plus dès le réveil, mais le bruit provenant de la porte nous coupe dans notre élan.- Maman ? Andrea ? Vous êtes debout ?
Orlane chuchote en s’approchant. Il faut s’y faire quand on est parent, les moments d’intimités sont diminués !
- Viens, principessa !
Toute contente elle saute sur le lit et nous rejoint, ce câlin à trois me rend tellement heureuse que j’en boufferais mes chaussettes !
- Tu as bien dormi ?
- Je sais pas… j’ai encore fait un cauchemar…
- Quel cauchemar ma puce ?
- C'est quand on a eu l’accident avec Andrea…
Je peux voir son visage crispé, je le connais bien assez pour deviner qu’il y a un truc qui cloche.
- C’est rien principessa, tu vois, c’est loin maintenant, tu es forte ! Je te promets qu’il ne t’arrivera plus rien !
- Merci !
Ma fille embrasse doucement sa joue et se rallonge entre nous.
- Andrea, est-ce que tu es toujours ma nounou si tu dors avec maman ?
Prit au dépourvu, il me regarde, mais je n’ai pas de réponse à lui apporter.
- Si, principessa ! D’ailleurs, on devrait se lever, on a une surprise pour toi !
- Une surprise ? C’est quoi ? Dis-moi !
- Quand tu auras déjeuné et que tu seras habillée !
- J’y vais !
Orlane saute du lit, m’écrasant au passage, Andrea profite de son départ pour me voler un baiser.
- Quelle surprise ? Cachotier !
- Je me disais qu’on pourrait aller à la fête foraine, puisque tu ne travailles pas aujourd’hui !
- Ça me plaît !
Alors qu’il enfile son jeans, je ne peux retenir ma question.
- Il s’est passé quoi le jour de votre accident ?
- Lexie, amore…
- Ah non, ne commence pas tes phrases comme ça.
- Il y a des choses dont je ne peux pas te parler et je sais que tu comprends.
- Mais Orlane commence à faire des cauchemars, donc ça me regarde.
- Je m’occupe de tout ça, tu as juste besoin de me faire confiance mia cara !
Andrea ne me laisse aucune chance de riposter et s'enfuit de la chambre. Lui faire confiance, je peux, mais ma curiosité est piquée à vif.
Orlane s’amuse comme une folle, et même moi, je dois dire que cela fait si longtemps que je n’ai pas été aussi enthousiaste.- Maman, je peux avoir une barbapapa s’il te plaît ?
- Oui, attends, il faut vraiment que j’aille au petit coin d’abord !
- Vas-y, je m’occupe d’elle !
- D’accord, à tout de suite !
Orlane m’envoie un baiser avec sa petite main et reprenant mon chemin, je percute un clown.
- Oh, je suis désolée.
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_Andrea
Si j’ai décidé de sortir les filles, aujourd’hui, c’est parce que nous avons prévu de coffrer Bennett dans quelques jours. Alors avant que cette situation se complique, je veux apporter un peu de douceur dans leur vie. Et vu leurs sourires, je peux dire que j’y suis arrivé. J’attends nos barbapapa avec Orlane.
- Oh ! Un clown ! Andrea, je peux avoir un ballon ?
- Oui, mais attends deux minutes.
Le temps de récupérer les friandises et de vouloir payer, je quitte des yeux Orlane quelques secondes.
- Tiens, ta barba… Orlane ?
Lexie revient au même moment.
- Où est Orlane ?
- Je ne sais pas, elle était là il y a une minute à peine.
- Comment ça, tu ne sais pas ? Andrea où est Orlane ?
La panique m’envahit, mais dans mon boulot, j’ai appris à ne pas y céder, je dois rester calme et gérer la situation. Ce que je ne peux pas demander à Lexie qui perd pied devant moi.
- Reste ici, je vais faire le tour, elle va peut-être revenir à son point de départ, ne bouge pas.
Elle hoche la tête, mais elle n’est pas avec moi, je le vois dans la détresse que reflètent ses yeux. Je me mets en quête de la petite fille, mais je ne la retrouve pas. Alors que je retourne auprès de Lexie, j’en profite pour appeler Matthew.
- Moretti, que me vaut cet honneur ?
- Math, la petite Bennett a disparu…
- Merde. Tu crois que c’est l’un des pourris qui en veut à son paternel ?
- Il y a des chances… je l’ai quitté des yeux même pas une minute…
- Hey, on va la retrouver, je t’envoie Alex immédiatement, tu sais que je ne peux pas ramener toute la cavalerie…
- Je le sais…
Je le remercie et vois la brune qui n’a pas bougé d’un pouce. À ma vue, elle s’effondre.
- Non, non, non…. Orlane !
- Chut, doucement, mon coéquipier arrive, je vais te ramener à la maison.
- Non, je dois la chercher…
- Tu n’es pas en état, je te ramène à la maison.
Les sanglots qu’elle déverse, sont inépuisables. Je sais parfaitement ce qu’elle ressent à ce moment, comme si on plongeait la main dans votre cage thoracique et qu’on y serrait votre cœur, d’une poigne de fer, vous coupant le souffle tant la douleur est insupportable.
Chaque heure compte, quand j’arrive à nouveau à la fête, Alex a déjà visionné les caméras de surveillance.- Qu’est-ce que t’as trouvé Woods ?
- Elle est partie avec un clown, j’ai suivi leur trajet jusqu’à cette camionnette.
- On a la plaque ?
- Oui, mais c’est une fausse.
- Donc ce n’est pas un amateur.
- Des amateurs, le chauffeur attendait sagement au volant.
Je tourne en rond, parce que je sais pertinemment que je suis pieds et mains liés.
- Tu sais qu’on ne peut pas provoquer Bennett, on l’arrête dans deux jours, ce serait foutre en l’air notre enquête.
- Je sais, putain, mais deux jours, c’est énorme Alex, on ne sait pas quel genre de tarés sont ces mecs.
Furieux, je donne un coup-de-poing dans l’un des murs du petit bâtiment. Mon coéquipier me lorgne de côté, n’osant pas trop se mettre en travers de mon chemin, mais je sais qu’il a raison, mais je ne peux pas rentrer et dire à Lexie qu’on ne peut rien faire, si ce n’est attendre. Non, elle ne comprendrait pas.
- Essaie de suivre leur trajet avec les caméras de la ville…
- Je vais faire mon maximum pour t’aider, mais c’est pas gagné.
Je prends ma voiture et roule en direction de chez Bennett. La folle envie d’y aller pour lui mettre une raclée, monte de plus en plus, mais si je fais ça, je suis fini. Je redémarre la voiture et prends la direction de chez Lexie, c’est mal, mais la dose de sédatif que je lui ai donné la fera dormir encore quelques heures, mais je veux être à la maison.
Comme prévu, je retrouve Lexie endormie dans son lit, je m’installe près d’elle et regarde mes pieds. Cette situation me met vraiment dans une mauvaise posture, et si les ravisseurs d’Orlane n’avaient rien à voir avec Ryan ? Je devrais vraiment y aller et lui casser la gueule à ce coglione. Impuissant, le cœur serré, je sens les larmes me monter aux yeux, Orlane est comme ma fille, je l’aime de tout mon être, je ne veux pas qu’il lui arrive malheur, je ne peux pas laisser ça se produire, je refuse de perdre encore un enfant.
Je m’appuie légèrement sur le corps endormie de sa mère, sa respiration douce et régulière trompe l’état dans lequel je l’ai laissé il y a quelques heures, je déteste la voir comme cela. Malgré-moi, je ferme les yeux un instant, jusqu’à ce que les gémissements de tristesse parviennent jusqu’à mes oreilles.- Orlane, non, Orlane…
- Chut, doucement, amore…
Elle refait douloureusement surface et se réveille dans un sursaut. Son regard perdu, apeuré, funeste, Lexie m’effraie.
- Orlane, tu as retrouvé Orlane ?
- Non…
- Il faut que j’appelle Ryan, il faut que…
- Tu ne peux pas, s’il est mêlé à ça…
- Je m’en tape de votre enquête, Ryan peut avoir détourné tout l’or du monde, il doit savoir pour sa fille, il doit m’aider à la retrouver…
- Sois raisonnable Lexie… laisse-nous faire notre boulot…
Excédée, elle finit par me hurler dessus, à cet instant, ce n’est plus la femme que je connais, c’est seulement une mère meurtrie.
- Pourquoi tu fais ça ? C’est ma fille, Andrea, il est hors de question qu’on reste sans rien faire….
- Fais-moi confiance, amore mio.
- Tout ça, c’est de ta faute ! C’est toi qui as voulu aller à cette fête foraine…
- Lexie…
- Tu lui as promis… tu lui as promis qu’il ne lui arrivera plus rien… tu as menti…
- Tesoro… je suis vraiment désolé… tu ne peux pas…
- Suffit, pars.
- Lexie, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
- Sors d’ici.
- Ne fais rien de stupide s’il te plaît...
- Tout de suite.
Ses cris stridents, les larmes qui coulent de ses yeux, je sais qu’elle n’est plus elle-même, de ce fait, je ne peux pas lui en vouloir, alors je l’écoute et m’en vais, le coeur lourd, mais je me fais la promesse de retrouver Orlane, même si pour ça je dois braver tous les interdits.
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